Tiffany McDaniel – Du côté sauvage ***

Par Laure F. @LFolavril

Gallmeister - mars 2024 - 707 pages

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Dans le fin fond de l'Ohio, se trouve Chillicothe, une petite ville sur le déclin, où règne une odeur pestilencielle à cause de l'usine de papier qui turbine. C'est dans son ombre que vivent Arc et Daffy, des jumelles à la chevelure rousse indomptable qui, à la place des yeux, ont des billes de sorcières. Elles possèdent une imagination débridée qui leur permet de s'évader de leur vie étroite et sombre. Daffy écrit des poèmes à l'intérieur du pick up et Arc raconte des histoires pour transformer le côté sauvage en côté beau, comme le leur a appris grand-mère Milkweed avant de mourir. Au début des années 80, elles sont élevées par leur mère devenue folle après la mort de leur père, une mère qui boit, se drogue, les violente. Il y a leur tante Clover, pas vraiment plus saine de corps et d'esprit. Les gamines sont livrées à elles-mêmes.

La narration alterne le temps de leur enfance et le temps où elles ont vingt ans : le temps où l'on commence à retrouver des cadavres de jeunes femmes flottant à la surface de la rivière, couronnées de brindilles, ce sont leurs amies, les reines de Chilicothe. C'est aussi l'âge où les histoires d'Arc ne suffisent plus à faire apparaître le beau côté... Les jumelles tentent de maintenir la tête hors de l'eau pendant que celui qu'on appelle River Man continue ses ravages.

" La rivière, ou bien vous la transportez, ou bien c'est elle qui vous transporte. "

Du côté sauvage est un roman très sombre, qui nous fait plonger tête la première dans l'enfer, celui de l'addiction à l'héroïne, notamment. Il y a les hommes qui sont des démons, des araignées auxquelles on ne peut échapper. Au fil des pages, la violence masculine culmine, elle atteint des sommets difficilement supportables. C'est une lecture que j'ai trouvé éprouvante et fascinante à la fois, magnétique, j'ai été emportée par le récit, entre effroi, répulsion et chagrin.

" Comment aurais-je pu la blâmer, ou blâmer n'importe laquelle d'entre elles pour ça ? Ce besoin urgent d'être débarrassée des vérités qu'il étair si douloureux de connaître. "