La Ballade du Soldat ODAWAA
Scénario de Cédric APIKIAN
Dessin de Christian ROSSI
Couleur de Walter
Editions Casterman, octobre 2019
88 pages
Thèmes : Première Guerre Mondiale, Premières Nations, Honneur
Février 1915,
Le conflit s'est enlisé et de nouveaux combattants sont arrivés.
Et parmi eux, le soldat Joseph Odawaa, matricule Tomahawk, de la Nation Cree.
Venu avec le contingent canadien, il sème l'effroi parmi les troupes allemandes.
Car le tir d'Odawaa est aussi sûr et précis que son pas est invisible et silencieux.
Et même s'il forme avec d'autres Amérindiens un commando de snipers, seul son nom fait frémir ses adversaires.
Tous, sauf un. Le Commandant Von Schaffner qui, avec ses quelques hommes, pillent, tuent, massacrent, tout ce qui se trouve entre les lignes.
Le Colonel Desjoyeux somme le Capitaine Ernest Keating, professeur de littérature dans le civil, de mettre un terme " radical " à ces exactions.
Il n'y a qu'un seul problème. Von Schaffner est déjà mort, tué plus d'un mois auparavant par Odawaa précisément.
S'ensuit donc une double traque doublement sombre.
Je suis né dans les plaines de l'Ontario en homme. Mais aussi loin que je me souvienne, c'est en animal que les blancs m'ont traité... J'ai traversé l'océan pour renaître dans les cendres de ce pays.
Pour incarner son soldat Odawaa, Cédric Apikian s'est librement inspiré du soldat amérindien et canadien Francis " Peggy " Pegahmagabow (1891-1952), tireur d'élite crédité de la mort de 378 Allemands et de la capture de 300 autres.
Christian Rossi le met en scène dans un décor crépusculaire dans lequel ingéniosité et horreur se côtoient pour faire le plus de victimes possibles. Les quatre premières planches sont absolument saisissantes et donnent parfaitement le ton de l'album.
La nuit, la pluie, les gaz sont omniprésents et camouflent aisément celui qui sait se servir des éléments naturels pour accomplir ses missions de sang. On ne lui voit quasiment jamais son visage alors que ceux des autres, Canadiens comme Allemands, sont saisis dans toutes leurs nuances.
L'enchaînement est cinématographique, les codes sont ceux du western, les cadrages immersifs, les dialogue réduits à l'essentiel, le suspense à son comble, la violence omniprésente, mêlée à une certaine fascination.
La mission se double d'une seconde qui trouve son explication dans la toute dernière case, prouvant une fois encore, s'il en était besoin, combien les soldats ne sont que des jouets.
Cliquez sur les noms pour découvrir les choix des Bulleurs du mercrediQu'est-ce que tu es venu faire dans cette guerre, l'Indien?
- Me prouver que j'étais libre
- Libre ? ... LIBRE ? De quoi ? De mourir pour ton roi anglais et moi pour mon Kaiser ? C'est ça que tu appelles être libre ?