Le Rouergue – 2024 – 384 pages
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« Cette histoire a deux débuts. Toutes les histoires ont deux débuts. Visible et invisible, comme une jeune pousse qui avant de percer la terre y germe en secret. »
Ce jour de mars 1999, Ellie n’a plus le choix quand le détective frappe à la porte de la maison où elle s’est réfugiée. Elle va devoir parler. Parler de May, de son amour foudroyant pour elle. De son passé familial. De la violence de son père. De son quotidien étriqué dans la ville d’Eureka, encerclée de champs de maïs. Le présent s’entremêle au passé, on découvre un père rigoriste et violent, une mère dépressive partie trop tôt. Des mots raturés dans le dictionnaire, des mensonges qui brûlent les lèvres.
Le style tout de suite singulier de ce roman m’a séduite. Cette façon de jouer sur les mots, cette façon de les faire façonner le réel. Le talent pour planter le décor, décortiquer la complexité de l’âme des personnages, pour maintenir en haleine jusqu’aux derniers mots. Eureka dans la nuit est un roman percutant, puissant, décoiffant avec deux héroïnes en quête de liberté. Une vraie bouffée d’air, de lumière. C’est un roman d’émancipation à deux voire trois voix qui se dévore comme un thriller féministe au goût piquant.