Sophie Berger – Banc de brume ***

Par Laure F. @LFolavril

Gallimard - 2024 - 238 pages

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Olivier et Yvonne sont morts dans un accident d'avion le 4 janvier 1976, une semaine après s'être mariés. Leur nièce Alice ne les a jamais connus, elle n'a jamais vraiment entendu les détails du drame. Elle ne connaît que le silence de sa mère, qui a perdu son frère si jeune, dans la vingtaine. Ce drame a ébranlé toute la famille, le silence qui l'entoure l'a lentement gangrénée. " Je suis le fruit d'une histoire familiale faite de silence, et j'en suis venue à être preneuse de son. " Alice n'ose pas poser de questions à sa mère et son grand manteau de silence. À la mort de sa grand-tante, elle tombe sur une coupure de journal qui relate l'accident. Alors elle mène l'enquête avec son frère Étienne, bien décidée à faire parler le silence - fouillant les archives, scrutant les photos et les articles de presse. Ses fantômes peu à peu prennent de l'épaisseur, peu à peu ils reprennent vie au fil de ses recherches. Ne leur manque que la voix...

" Ma mère avait été seule avec son chagrin et e le découvrais. Ça faisait mal comme quelque chose qui n'aurait pas dû nous échapper. De la tristesse à rebours. "

Banc de brume est un roman qui se lit d'une traite. Au fur et à mesure des chapitres, je me suis attachée à ce couple disparu si tragiquement et à cette femme qui cherche des réponses. J'ai éprouvé l'impact du crash sur toutes les vies alentours, l'impact du drame et du silence qui l'entoure sur la destinée de la narratrice. C'est un premier roman poignant sur le deuil, la perte, les regrets. J'ai été impressionnée par la maîtriste de l'écriture, son incroyable justesse. Impossible vraiment de traduire en mots l'émotion qui m'a saisie à la lecture de ce roman...

" Plus tard, dans mon téléphone, je retomberai sur la photo d'Étienne sur le seuil du bungalow H. Je penserai à Olivier qui se tenait là, des années plus tôt, dans la même position. Vertige de ce retour dans le temps. Ça s'effritera dans mon ventre. Quelque chose qui crépite sourdement. "