Dans Le Tour d’écrou une jeune gouvernante, fille d’un pasteur de province, est nommée pour son premier emploi, préceptrice de deux très jeunes enfants, Miles (10ans) et Flora sa sœur cadette (8 ans), dans un manoir isolé en Angleterre. Bientôt, elle commence à voir des apparitions, Peter Quint et Miss Jessel, anciens employés du manoir, tous deux décédés assez mystérieusement apprendra-t-elle. Un homme et une femme qui auraient eu une mauvaise influence sur les enfants à l’époque comme lui révèlera Mrs Grose qui gère la maison. Pour la jeune gouvernante, les deux revenants maléfiques veulent se réapproprier les gamins ! Elle se doit de les en empêcher…
Tout l’attrait du texte réside dans le fait qu’on ne sait rien et qu’on ne saura rien ! Henry James joue sur l’ambigüité du récit et les fantasmes des deux adultes responsables des gosses ainsi que ceux de ses lecteurs qui selon leur tournure d’esprit pourront supposer y voir des situations effrayantes ou choquant la morale et ce fût le cas quand le roman sortit. La tension monte lentement car outre le danger potentiel causé par la présence proche des deux décédés, les enfants semblent favorablement attirés par ce couple. La préceptrice volontariste et Mrs Grose plutôt effrayée, s’allient pour ce combat. Entre réalité ou hallucinations, hypothèses et montage de bourrichon entre les deux femmes (« Et ensuite j’ai imaginé… et j’imagine encore. Et ce que j’imagine est effrayant. »), attitude étrange ou ambigüe des gamins, ellipses et inconnues (qu’on fait de répréhensible Quint et Jessel, si ce n’est qu’ils étaient trop proches des enfants ?), vague impression de névrose d’origine sexuelle… etc. Un lieu isolé, du supposé surnaturel, des enfants innocents (?) corrompus (?) par des adultes, une jeune femme névrosée ? Les arcanes de la psychologie sont très mystérieux.
Le second texte, L’Elève, est une nouvelle avec là encore un précepteur et un jeune garçon. Pemberton, un jeune professeur diplômé d’Oxford est engagé par une famille d’Américains temporairement installés à Nice, pour s’occuper de Morgan, un enfant très intelligent mais à la santé fragile. Bien vite les relations entre eux deux deviennent complicité et attachement profond. Un attachement sur lequel les parents comptaient et jouent pour ne pas payer le précepteur, tout comme ils avaient procédé avec l’ancienne professeure de Morgan…