" P aris 2017. Depuis plusieurs semaines, des jeunes femmes travaillant dans des cabarets et bars de nuit de la capitale disparaissent mystérieusement. Leurs corps sont retrouvés en forêt, atrocement mutilés. Eneko Etxeparre, commandant de police à la BRP, s'intéresse à ces disparitions dans le cadre d'une enquête conjointe avec la brigade criminelle de Versailles. Leurs investigations vont les mener très loin dans les ténèbres de la nuit parisienne, là où tout devient permis. Ours solitaire, Etxeparre va devoir collaborer avec la fougueuse capitaine Isabelle Danglard, qu'on lui impose comme second de groupe, et qui n'en fait bientôt qu'à sa tête, au mépris des procédures. Une plongée effrayante dans le noir sordide d'un monde parallèle où la vie humaine n'a plus la moindre valeur. ÉRÈBE est le 10 ème polar de l'auteur. On y croise le Commandant Le Guenn, personnage récurrent des précédents opus.
Didier Fossey, aujourd'hui retraité de la police, a exercé pendant 18 ans à la BAC nuit de Paris. Ses polars ont reçu plusieurs prix dont Le Prix Polar Dora-Suarez en 2022 pour Affaires internes. "
Attention, il s'agit d'un thriller noir qui e laissera pas indemne les moins aguerris ! Un policier où nous suivons Eneko Etxeparre, dirigeant la BRP, pardon un groupe de la BRP et se retrouve avec un numéro 2 : le capitaine Danglard Isabelle. C'est le premier livre que je lis de cet auteur et apparemment il s'agit du 10ème avec Eneko, mais pas de panique, pas besoin d'avoir lu les précédents pour comprendre l'histoire. Même au niveau de sa vie personnelle nous avons des indices, donc pas de quoi se poser trop de questions ! Des femmes disparaissent, pas de femmes de petites vertues, mais des femmes qui travaillent dans des cabarets. Seul petit point ? Nous débutons en pleine guerre et même sans avoir besoin de comprendre que LE personnage qui s'en sort au tout début de ce livre est LE tueur en série, cela ne facilite absolument pas la suite. Au contraire, nous savons déjà qu'il est fourbe, sans émotions, adorant le chaos (tiens donc, il porterait bien son pseudo de Erèbe) et torturant pour le plaisir. Un être qui n'a pas d'âme et qui se prend pour un artiste. Je vais vomir, je reviens...
Attention, certaines scènes sont susceptibles de choquer la sensibilité de certains lecteurs.
Il est vrai que j'avais lu quelques avis en diagonale pour ne pas me spoiler et je m'attendais à plus que ce que j'ai entre les mains. Pour ma part, ça va, le personnage d'Erèbe est psychologiquement atteint, pourquoi ? C'est une bonne question, peut-être pas assez de câlins de sa mère, mais passons. Je fais assez de psychologie à mon travail. Son pseudo recèle bien sa noirceur, la profondeur de ce gouffre qui doit être rempli de chaos, de destruction, de sang et de violence en tout genre. Et puis nous démarrons sur la disparition de une, puis d'une deuxième femme. Les corps retrouvés, cela n'augure rien de bon. Vu ce qu'il en reste, bref, Eneko doit avec ses hommes et femmes, retrouver qui est derrière tout cela. Une enquête qui met à mal pas mal de choses en lui et comme en plus il récupère un numéro 2, môssieur est quelque peu macho sur les bords (et au milieu). Il va devoir travailler sur lui, mais Danglard m'a semblé encore plus fêlée malgré tout au vu de ses actes. L'intuition féminine oui, mais j'aurai pensé qu'elle serait plus encline à appeler des renforts à un moment donné. Enfin, je ne suis pas une tête brûlée comme elle et les joutes verbales nous prouvent bien qu'elle ne mâche ni ses mots et que son caractère est bien brut de décoffrage.
J'ai trouvé que le récit allait vite, dès que nous mettons le pied dans l'enquête. Avant, nous suivons les pas d'un tueur qui n'a pas fini sa carrière comme prisonnier de manière plutôt tranquille malgré la vitesse à laquelle il doit éliminer tous les problèmes pour faire un véritable reset. Et puis c'est parti, une certaine Samia recherche du travail, une Olivia disparait, une autre Rachel qui va suivre le mouvement et c'est l'escalade. Le lieu tenu secret d'Erèbe m'a plu et si nous pensons qu'il est atteint, dites-vous qu'il n'est que le haut de l'iceberg. C'est prenant, car nous voulons savoir qui va y passer, mais surtout qui va s'en sortir, ce qui avec ce type de personnage ne laisse que peu de chances. Il faut vraiment de la précipitation pour louper quelque chose, ce qui sera le cas. Mais quoi ? Il va falloir lire pour le découvrir.
L'auteur a un sacré passif à son actif et une fois le livre refermé j'ai mieux compris certains passages dans le sens où il a fait partie de la maison. Il connait donc très bien certains rouages et il donne beaucoup de vitesse avec des chapitres courts, des dialogues rapides, des ordres tranchants. Ses personnages ne sont pas en reste, ils avancent, traquent, fouinent et vont même au-delà de la certaine limite à ne pas franchir. Promis, ils ne martyrisent personne. Entre un tueur en série qui se pose bien là et une équipe qui dépote, nous avons de quoi avoir envie de plus de pages. Désolée, c'est mon premier petit bémol, j'aurai adoré en avoir plus sur certains passages (pas sur la recherche des indices, par contre les autopsies, même si je pense que certains en ont eu assez, j'ai adoré découvrir certains termes et j'ai parfaitement imaginé le tout) L'autre bémol, c'est le personnage de Eneko, je pense que je l'aurais peut-être mieux compris en connaissant plus son passé, car là, pour le coup, j'aurai envie de le claquer vu sa façon de parler aux femmes. Un moyen de protection, mais il existe d'autres moyens à mon sens.
Le darkweb, la torture mentale, la violence physique, les déviances sexuelles (si on peut appeler cela ainsi), l'auteur ne nous laisse pas sur un petit train train tranquille. Ce n'est pas juste un enlèvement et le fait de donner la mort, c'est tout un processus qui est mis en place et c'est ça qui fait le plus trembler.; Imaginer que des hommes ou des femmes soient capables du pire pour au-delà de ce qu'ils désirent. La noirceur n'est pas juste un petit truc que l'auteur utilise pour faire jolie. Il va au plus profond de l'être humain (enfin si à ce stade cela en est encore un) pour montrer le vice, sans pour autant en faire des étalages. Et ça aussi j'ai adoré, ne pas avoir besoin d'étaler tout ce qui se passe, quelques scènes oui pour nous donner ce qu'il faut, après c'est notre imagination qui fait le travail. Bien entendu, nous avons quelques mots crus, je n'aurai pas imaginer un tueur trop bien sur lui, lui qui doit avoir plusieurs visages. Fourbe, mais pas fou, psychopathe, manipulateur, joueur invétéré, cruel et bien entendu pervers. Je pense que j'ai donné une grande partie de ses caractéristiques.
En conclusion, un policier qui montre la noirceur de l'être humain. Les dérives sont importantes, certaines scènes sont violentes et la rapidité du récit ne nous donne pas (en tout cas pas à moi) cette impression d'être mal à l'aise. Oui, c'est horrible ce qui se passe, mais cela va très vite et nous avons à peine le temps de comprendre que nous courons déjà à la recherche d'une autre potentielle victime. Un flic bourru, un peu trop macho, un Erèbe aussi noir que celui de la mythologie, un univers que l'auteur semble très bien connaître (je parle de la police bien entendu). Je n'ose imaginer ce qu'il a déjà pu voir, dans tous les cas il sait de quoi il parle dans certaines scènes. Je regrette juste la longueur du livre qui m'a semblé trop court et la fin... Oh bon sang, cette fin, y aura-t-il une suite ? Alors, êtes-vous prêts à plonger au cœur d'un Paris sans limite ?