Un piano vert olive tombé du ciel

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe

Une première page prometteuse. (c) Dargaud.

   Pour leur première bande dessinée, Céline Pieters et Celia Ducaju se sont librement inspirées d'une histoire vraie qui s'est déroulée pendant la Seconde Guerre mondiale. A savoir que les forces américaines envoyaient des pianos Steinway spécialement fabriqués pour cet usage à leurs troupes. Par les airs! En parachute. 2436 "Victory Verticals" seront délivrés de par le monde. La musique adoucit les mœurs et surtout remonte le moral quand on est coincé dans la neige à quelque distance des ennemis  "Interlude" (Dargaud, 104 pages) se déroule en Belgique, à La Roche en Ardenne précisément. Un groupe de soldats américains attend dans le froid. Les Allemands ne partent pas aussi vite qu'imaginé. Divine surprise pour eux quand l'instrument de musique arrive chez eux. De petite taille et de la couleur verte olive militaire réglementaire. Chacun y va de son essai sur le clavier ou pousse la chansonnette. C'est la joie toute la soirée et toute la nuit. Mais le lendemain, une offensive surprise des Allemands les contraint à sauter dans les jeeps et les camions et à partir illico. Pour le soldat John, pas question d'abandonner l'instrument. Il obtiendra du sergent Brown l'autorisation de s'en occuper à condition de rejoindre à pied la troupe endéans les 48 heures. Commence pour lui et deux de ses potes une dangereuse marche forcée pour transporter le piano à l'aide de cordes. L'occasion de rencontres dont celle de femmes qui se sont regroupées dans une maison secrète parce qu'elles avaient été violentées par des soldats US. 

L'arrivée du "VV". (c) Dargaud.


La ligne claire du dessin donne de la douceur à cet épisode tragique inspiré d'une lettre véritable de GI. Des scène oniriques bousculent la ligne initiale. La documentation sur ces pianos est impeccable et les chansons de l'époque nombreuses. Malgré un début prometteur, on reste un peu sur sa faim avec cet album jouant sur les deux sens du mot "interlude" car, malgré leurs dialogues, les personnages ne gagnent pas de véritable consistance au fil des pages. Les viols dénoncés à raison ne s'intègrent pas vraiment dans le récit.