Les saules de Mathilde Beaussault

saules Mathilde Beaussault Quelque part en Bretagne, dans les années 80, dans la campagne profonde. On retrouve au petit matin le corps de Marie, 17 ans. Elle a été étranglée et abandonnée dans la coulée, une ruisseau, à deux pas de chez elle. Marguerite, une gamine, presque muette de dix ans, a découvert le corps sans vie. Qui a tué Marie? Un gars du village? Et pourquoi? Les saules est un premier roman qui se déroule au cœur d'une campagne dominée par la ruralité profonde. J'ai beaucoup aimé ce polar d'une noirceur et d'une dureté implacables! On suit l'évolution de l'enquête grâce à Marguerite, dix ans. Elle est l'unique fille d'un couple de paysans qui suent du matin au soir pour survivre. La petite Marguerite est considérée comme idiote. Les scènes qui se déroulent à l'école sont d'une violence inouïe. Marguerite c'est celle pue, qui ne parle pas, qu'on peut harceler, frapper, insulter à loisir. Elle ne reçoit que très peu d'affection de la part de ses parents. Elle n'est pas maltraitée pour autant mais tout simplement négligée parce que le travail passe avant l'amour, la tendresse... Le roman est émaillé par les interrogatoires. Les hommes du village sont convoqués par les gendarmes. Pourquoi Marie a-t-elle été tuée? Parce que c'était la fille des pharmaciens et qu'elle souhaitait une seule chose: partir loin de ce village et de sa misère? Ou parce qu'elle était libre de coucher avec qui elle voulait? Marie a une réputation de fille " facile ". Est-ce pour cela qu'on l'a tuée? On est loin de l'ère " Me too " et de la capitale dans ce village. L'autrice retranscrit parfaitement bien cet univers lié à la terre, ancré encore dans une époque révolue. Les jeunes n'ont aucune perspective d'avenir si ce n'est reprendre l'exploitation ou le garage des parents. Le seul reproche que je pourrais faire réside dans les dialogues où l'autrice force parfois le trait des personnages. Ce n'était pour moi pas forcément nécessaire car on imagine bien ces paysans d'un autre temps sans qu'on accentue leur accent rural. J'ai beaucoup aimé cette lecture d'une noirceur sans nom, d'une brutalité fatale. Le personnage de Marguerite me restera longtemps en mémoire.

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