Toutes les créatures de Sarah Louise Butler s'inscrit dans la littérature de nature writing, et je dirais même plus (pour reprendre une expression de nos chers Dupond et Dupont) que c'est certainement le premier roman naturaliste que je lis, tant les espèces animalières (notamment aviennes) sont précisément décrites et font une large partie du décor, ils le rendent même étonnamment mouvant. Et pour compléter mon introduction, je dirais qu'au cours de cette lecture, je n'ai cessé de penser à Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, parce qu'il y a des éléments communs : premier roman de l'autrice, une héroïne, la nature, la plume comme langage de l'amour, l'atmosphère de symbiose avec la faune et la flore, mon intérêt constant pour l'intrigue. Mais c'est tout (et ce n'est déjà pas si mal). J'ai quitté cette histoire à regret, j'ai ressenti les émotions et la tristesse de notre Cassandra Langley dite Sandy, face à certains deuils lourds, très lourds. J'ai aimé la voir évoluer, montrer son caractère, poursuivre la quête de ce Grand-père à qui elle doit tant -son protecteur si amoureux des animaux et de la nature, vétérinaire à la carrière chahuté par un choix familial nécessaire-. J'ai aimé la voir vivre et grandir auprès de personnes aimantes : un quasi frère de lait (Luke), la mère de celui-ci (Eva) comme protectrice féminine et bonne arrangeuse en maquillage. Dans Toutes les créatures, on respire et on s'émerveille de l'instant présent, la contemplation donne son rythme : c'est apaisant. Les nages dans le lac sont évidentes, les chutes de neige et l'isolement aussi.

Le choix judicieux pris par Sarah Louise Butler d'alterner le passé et le présent de Sandy par des courts chapitres permet de ne pas s’appesantir ni de s'ennuyer et aide aussi à se souvenir : on revient régulièrement sur des faits de son histoire (événements et protagonistes du passé et du présent). Le choix aussi du "je" facilite l'incarnation des sentiments de Sandy. Enfin le scénario qui pourrait s'avérer plat de chez plat car la quête immuable d'un Charlie aux traces visibles et à la présence discutable est compensée par le quotidien de ce petit clan pas si tranquille que cela : toute arrivée étrangère peut être synonyme de menace. Avec parcimonie et bonne intelligence, l'autrice dévoile les petits secrets de chacun et de chacune, introduit quand il le faut des personnages secondaires attachants également (Jacob, Rachel). Toutes les créatures est une histoire bien écrite, bienveillante qui m'a fait du bien et qui m'a permis de m'évader. Un très joli premier roman, une vraie réussite littéraire.
Éditions Phébus.
Belle traduction de Charlène Busalli
Lu dans le cadre de l'opération Masse critique privilégiée de Babelio en partenariat avec les éditions Phébus : un grand merci pour cette belle découverte.