Massachussetts, Nouvelle-Angleterre, à la fin des années 1920. Le narrateur, jeune homme jamais nommé, visite la région en train ou bus pour s’éviter des frais, avec pour but, Arkham où il a des attaches familiales. Un problème de correspondance lui fait préférer emprunter un bus passant par Innsmouth où il trouvera moyen de poursuivre vers son but final plus rapidement. Ceci malgré les avertissements lui déconseillant cette ville malsaine. En arrivant à Innsmouth, il découvre une ville portuaire en ruine « où planait la flétrissure » et dont les habitants ont des traits physiques déformés (yeux globuleux) et inquiétants. Zadok, un vieux poivrot, presque centenaire, en échange d’une bouteille de gnole, lui raconte, à l’abri des regards, tout ce qu’il sait de cette ville et des horreurs qui s’y trament…
La légère angoisse commence à prendre corps quand Zadok se lance dans une sorte de délire où il serait question de sacrifices humains en échange de poissons en abondance, du culte de Dagon (Dagon est un « Grand Ancien », dieu poisson, dans le mythe de Cthulhu) qui a supplanté les églises traditionnelles et d’accouplements entre des monstres marins et des humains qui assureraient une immortalité sous-marine… Le narrateur peine à croire ces élucubrations même si le doute s’insinue lentement dans son cerveau. Obligé de passer une nuit sur place dans un hôtel miteux, les doutes vont se transformer en réalité quand la nuit, on cherche à forcer sa porte : qui est derrière cette porte ? « La puanteur devint irrésistible, et les bruits enflèrent jusqu’à produire une Babel de coassements, de hurlements et d’abois sans le moindre soupçon de langage humain. » Une poursuite affolante s’engage, d’autant plus effrayante que maintenant il les a vus, des êtres poissons-grenouilles aux yeux « prodigieusement globuleux qui ne se fermaient jamais », se déplaçant en sautillant sur deux ou quatre membres !
Notre malheureux jeune homme va néanmoins leur échapper et fuir la ville. L’histoire se termine bien s’étonne le lecteur ? Oh que non ! Deux ans plus tard, des recherches généalogiques vont lui révéler un monstrueux secret qui amorcera son destin tragique et hallucinant. Argh !
Lovecraft explore l'idée que l'univers recèle des forces anciennes et incompréhensibles pour nos cerveaux humains et que certains de nos congénères peuvent accepter un pacte avec ces monstres en échange de biens matériels, ici sauver leur port en pleine décomposition contre des pêches miraculeuses, assorti d’un autre win/win, l’immortalité pour les humains issus de croisements contre-nature, et la possibilité pour ces « choses » d’investir la terre et étendre leur pouvoir/conquête du monde. Enfin, dernier thème, le narrateur, malgré ses efforts pour échapper à Innsmouth, sera finalement rattrapé par son destin ce qui souligne l'inéluctabilité de certaines forces.
Ça m’amuse plus que ça ne m’effraie mais j’adore !