En deux mots
En 2027, les mineurs peuvent voter. Cui-Cui va pouvoir profiter de ce nouveau droit, mais il a bien d’autres problèmes à gérer comme le violence intra-familiale, une sexualité qui se cherche, un besoin de se libérer d’un lourd secret. Peut-être que sa copine Leïla le soutiendra dans sa quête.
Ma note
★★★ (bien aimé)
Ma chronique
Le cri d’une enfance confisquée
Dans une France dystopique de 2027, Juliet Drouar nous plonge dans l’univers oppressant d’un adolescent balloté entre silence et révolte. Un premier roman aussi touchant que politique.
Cui-Cui s’ouvre sur une scène de collège où le jeune narrateur, 13 ans, assiste à un cours dirigé par Mme Gisèle, une professeure dépassée. La tension est palpable : le lendemain, pour la première fois, les mineurs voteront à l’élection présidentielle. « Comme les oiseaux avant l’orage, accroché·e·s en guirlande sur le même câble électrique. Une tension sous nos ergots. »
Loin d’être un moment d’émancipation, cette journée préfigure un huis clos familial étouffant. De retour chez lui, Cui-Cui, que tout le monde désigne au féminin mais qui se pense au masculin, doit affronter son père, homme brutal et autoritaire. Un simple refus de répondre à la question « Qu’est-ce que tu vas voter ? » suffit à déclencher un orage de colère paternelle. La mère, passive, détourne les yeux. Le quotidien est un jeu d’évitements et de silences, et le corps du narrateur en porte les stigmates : « Je plâtre. Je rate. C’est subtil. J’essuie, je recommence, je tamponne le fond de teint. J’estompe les contours. Je pourrais être peintre aussi. » Se taire devient alors une stratégie gagnante, jusqu’au jour où des intervenants extérieurs sont chargés de sensibiliser les élèves aux violences sexuelles. À compter de ce moment, les choses vont bouger et Cui-Cui va comprendre qu’il n’est plus seul, même si la bonne volonté de Mme Gisèle ne suffit pas. Ou si Leïla, qu’il voudrait bien davantage qu’une bonne copine, pouvait recueillir sa souffrance.
À travers ce premier roman, Juliet Drouar nous livre un texte intense, à la fois intime et politique. Dans un monde où les mineurs obtiennent le droit de vote sans pour autant être écoutés, Cui-Cui lutte pour exister, tiraillé entre la peur et le désir de fuite. L’écriture est l’une des grandes forces du roman : hybride, elle mêle écriture inclusive, anglicismes et argot adolescent. Cette langue, vibrante et inventive, évoque parfois Zazie dans le métro, mais version queer et désespérée.
Drouar, auteur, chercheur et thérapeute, s’est déjà distingué·e par des essais percutants qui interrogent les dynamiques de domination et les structures oppressives, notamment Sortir de l’hétérosexualité (Binge, 2021) et La Culture de l’inceste (Seuil, 2022), un ouvrage collectif co-dirigé avec Iris Brey. Avec Cui-Cui, son premier roman, iel transpose dans la fiction ses engagements théoriques, mettant en lumière la violence silencieuse qui s’exerce sur les enfants et les minorités de genre.
Mais être considéré comme citoyen suffit-il à être entendu ? Le droit de vote des mineurs, axe central du récit, devient un prisme pour questionner leur place dans la société. Cui-Cui est un texte d’utilité publique. Il bouscule, secoue et force à voir ce que la société préfère taire. Juliet Drouar, en écrivain·e engagé·e, continue ainsi d’interroger les rapports de pouvoir et d’offrir une voix aux invisibles. Si parfois le cri se fait brouillon, il demeure nécessaire.
Cui-Cui
Juliet Drouar
Éditions du Seuil
Premier roman
192 p., 19 €
EAN 9782021566680
Paru le 3/01/2025
Où ?
Le roman n’est pas précisément situé.
Quand ?
L’action se déroule de nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
« J’avais bientôt 13 ans et une enfance impressionniste. Je me rappelle donc flou cette journée, c’était la veille du 15 mai 2027, la première fois où nous allions voter.
– Et je veux pas voter.
Mon père pose ses couverts. Aïe mauvaise réponse. »
C’est l’histoire d’une jeune ado. Attendez… Ou tout aussi bien d’UN jeune ado. Qui traverse la grande histoire du droit de vote des mineur·e·s depuis son petit trou de serrure. Depuis son petit trou à rats familial.
Iel raconte la vie au collège, les copines, Leïla surtout, proche – border crush. Le préau de la récréation, les salles de cours aux tapisseries de l’Apocalypse, la cafétéria.
Sa mère, habitante de la planète Déni, gentille à claquer.
Le père, un beauf ? C’est pire, nettement pire, en fait.
Les désirs pullulants, qui grattent.
Et, petit à petit, le lourd secret éveille l’attention de Mme Gisèle, une des profs du collège. Tout, alors, change.
Le quotidien d’adolescent·e·s en pleine métamorphose, où se mêlent amitiés, désirs, non-dits, violences familiales, politica grande. Un roman d’atmosphère qui se tend et d’une dystopie à portée de main. Dans une langue trouble, drôle – toujours –, audacieuse et, surtout, inarrêtable.
Les critiques
RTS (Céline O’Clin)
Collateral (Johan Faerber)
L’école des lettres (Milly La Delfa)
« CHAPITRE 1
L’horloge derrière la profe. Midi – 5.
Comme les oiseaux avant l’orage, accroché·e·s en guirlande sur le même câble électrique. Une tension sous nos ergots. Ça bruisse, ça croasse, ça bâille, ça étire ses ailes dans l’œil du voisin. Gisèle (la profe), elle est conne comme un balai, comme dirait mon père. En tout cas elle peut te saisir par le bras comme un rapace. Elle hausse la voix pour couvrir le brouhaha :
– Donc pour résumer : demain c’est le grand soir. On peut ranger les candidat·e·s de droite à gauche ou d’écolo intersectionnel à libéral, ou de 16 à 85 ans. Midi – 3.
Regard inquisiteur et tournant du phare, zieuter quand elle zieute, retourner au rangement subtil de trousse dès que l’œil du cyclone est passé. Se préparer à partir mais sans en avoir l’air. Elle kiffe ce moment. Son petit sourire de « peut-être je te lâche la grappe peut-être pas ». Silence, personne ne bouge. Je ne respire plus. Sonnerie de gros réveil comme ils n’existent plus que dans les dessins animés : qui se tape la tronche hystéro avec deux boules de fer. Silence toujours, elle nous mate. Cette classe c’est « 1,2,3 Soleil ! » version SM. Elle lâche finalement :
– Vous pouvez ranger, et cet après-midi…
Sa voix se perd dans les raclements de chaises et de blousons. On se casse, on se casse le plus vite possible. Sans que ça ait aucun sens car on y reviendra, on y reviendra pas plus tard qu’après manger. Rien ne m’attire dans cette putain de cour, juste sortir.
– Ne courez pas ! Ne courez pas ! résonne dans le hall. Bien sûr que si on court, on court vers la liberté. Je m’écrase comme un insecte sur la grosse porte à battants qui ploie doucement sous mon poids et ceux de derrière. On gicle dans le préau comme cent spermatos. Je prends mon élan pour sauter les dix marches. Lacet défait ? Croche-pied ? Rien n’est clair dans ce troupeau de gnous si ce n’est que je vole plané pour aller m’écraser sur le goudron. Sans y prêter plus d’attention, se relever, se frotter les graviers incrustés dans les paumes en continuant d’être régurgité au milieu de la cour.
– Ça va ?
C’est Leïla, sympa, qui me prend le bras. Bientôt Alexandra et Aude. On commence à chanter « Nous sommes la bandeu des quatro fillia, quaatre filles, quaatrre filles… ». Bras dessus bras dessous pour traverser et aller sur la pelouse. Je sais pas sur l’air de quoi, on m’a recueilli y a un an. Sympa. Je ne sais pas qui était la quatrième fille, sûrement pas moi, mais on s’adapte. On a sûrement plein de questions comme ça mais on n’en parle pas. En fait je ne sais même pas de quoi on parle. Je traverse la vie dans une sorte d’acouphène permanent, une sorte de brouillard entre elle et moi. Entre elles et moi. Sincèrement, je ne comprends rien à ce qui m’entoure. J’aimais beaucoup jouer au foot mais je suis devenue trop efféminée. Progressivement mis hors jeu en début de puberté. Là aussi, comment ? Pourquoi ? Le brouillard demeure. Mes sentiments ne se traduisent pas vraiment en pensées articulées, ni dans ma tête ni dans ma bouche. Par exemple, si je prends le temps d’y songer, je me sens proche d’Alexandra. Pourquoi ? Je la trouve attirante. Aussi je pense que son père est alcoolique. C’est p’t’être pas vrai d’ailleurs, juste une association d’idées, mais en tout cas ça se sent qu’elle a peur de lui. Qu’on marche sur des œufs. Que ça pourrait péter. Ça m’est familier. Elle dit aussi : « Je me brosse les dents tout le temps jusqu’au sang. » Point. On n’élabore pas. On sent vaguement que c’est louche mais vu que personne au monde ne veut aller sur ces terrains-là, on ne sait même pas comment le faire et on n’a pas l’idée d’y aller, même. Genre : « Pourquoi tu penses que t’as la bouche sale ? » C’est quand même pas normal cette histoire. Et maintenant que j’y pense, pourquoi à la soirée pyjama nous on s’est marrées en ayant la trouille, en mode « ouh là là on est dans “Fais-moi peur” », quand tu as dit : « Au fait je suis désolée mais des fois je me lève la nuit et j’essaie de sauter par la fenêtre » ? J’ai eu peur cette nuit-là. On n’a pas cherché pourquoi. Comme personne ne cherche pourquoi. C’est peut-être ça la qualité du brouillard. Le brouilleur à pourquoi.
Bref, tout ça se passe comme dans un rêve. Je sais pas vraiment quoi vous dire d’autre sur la qualité de nos échanges avec quelques années de recul sur ce 14 mai 2027. C’est plus des impressions. J’ai eu une enfance impressionniste. Mais je me rappelle flou cette journée parce que c’était la veille du 15 mai 2027. Et le 15 mai 2027 tout le monde se le rappelle. Bref je rentre chez moi à pied, j’écoute « We Sound like Love » de Maya Green, en boucle. Parce que je suis aussi obsessionnel. Je boucle. Je rentre sans un bruit et je me faufile en catimini dans le salon. La présence de mon père en train de regarder BFM. On peut douter qu’une candidate de 16 ans, miss Astride Diop, soit armée pour l’exercice du pouvoir et la culture française. Cette élection qu’on pourrait qualifier de « cour des Miracles »…
– Coucou.
Le père :
– Hum. Je continue mon chemin jusqu’à la cuisine. Je claque une bise à ma mère qui finit de donner un coup d’éponge sur la table.
– Bonjour chérie, dit-elle distraitement. Puis, beaucoup plus fort :
– Bon j’y vais, je reviens dans une heure ! Comme pour que le père sache le timing. Je la regarde angoissé. « Elle sait. Qui sait ? Tout le monde sait. » Non je paranoïe. « Si, elle sait. Non. » Je file dans ma chambre pour m’adonner à mon activité préférée : rêvasser en écoutant la radio.
Chercher des chansons adaptées aux scénarios de mes rêveries dans mon lit. Je deviendrai pas scénariste c’est sûr : c’est pas très élaboré. J’aime une personne, Camille ici, c’est compliqué, je me fais reluire, on danse. On danse. On danse. (Je pense que par contre j’aurais pu être chorégraphe.) On s’embrasse. On s’aime, on s’aime. On fuit. On s’aime.
Bon. J’entends mon père monter. Boule dans l’estomac. Envie de me chier dessus. Les bruits feutrés de ses pas dans l’escalier. Au bout du couloir la porte de sa chambre s’ouvre. Se ferme. Plus rien. Peur. Excitation dans le bas-ventre. Non, non, non, non. Nausée. Coincée au fond de la bouche. Les dents du fond qui baignent, comme il dit. Je pense plus qu’à ça. Je monte le son dans mes écouteurs.
Encore plus fort. Rattraper Camille, rattraper Camille. On en était où ? À New York sur le rooftop. Camille ? Camille ? Haaaaa. Envie d’y aller. Non. Si, je me vois me lever, aller dans sa chambre. Excitation, beurk. Non. Je me lève. J’ouvre la porte ? J’ai ouvert ma porte. Non. Trop tard, il a entendu, j’ai ouvert la porte. Somnambulisme. Cut.
Après, le soir, on mange. Silence. Ma mère parle. Meuble. Silence, bruits de bouche. J’ai envie de m’arracher les oreilles. Pourquoi il n’y a pas des paupières d’oreilles ? Mais pourquoi il n’y a pas de paupières d’oreilles ? Mon père :
– Qu’est-ce que tu vas voter ? Silence. Je dis :
– Je veux pas voter. Il pose ses couverts. Aïe mauvaise réponse. La meilleure hier pourtant.
– Comment ça putain tu veux pas voter ? Vous nous faites chier, chier comme des petits cons pour voter, et tu veux pas voter ? Bien sûr que tu veux pas voter, à 13 ans qu’est-ce que tu comprends ? Et tes cons de profs de gauche de merde, ils te disent de voter quoi ? Ils te disent de voter quoi ? Il s’exorbite sur la daronne qui baisse les yeux dans son assiette. Elle dit :
– Non mais je crois qu’il y a juste une présentation des… Il brusque sa fourchette. Flouche. Mouvement de purée sur sauce au beauf. Débordement sur set de table en plastouk. Silence. Il dit :
– Pardon. Il rigole et se met à saucer le set dans un mouvement comique, comme si c’était son assiette étendue. On a les épaules qui tombent. C’est passé. On rigole. Il dit :
– Bon en réalité c’est pas si mal. Tu sais quoi ? (Il avale.) Dupont-Saignant (c’est Dupont-Sagnant) est bien. Les pieds sur terre. Économiste (bouffe, bouffe, mâche, mâche), beaucoup d’expérience. Un type mesuré dans un panier de barges. Ha ha. Un spécialiste de la Grande Dépression de 1929. Vous savez ce qu’il s’est passé en 1929 ? Krach boursier, personne ne l’avait vu venir, les financiers qui sautent par les fenêtres. De honte hein. C’est pas ceux qui s’en seraient pas sortis pourtant. La honte. Un sentiment social… Cut.
15 mai matin. Elle rentre dans ma chambre. Putain je pourrais la tuer. Elle toque en même temps qu’elle ouvre, toujours. – C’est l’heure ! Elle s’assoit doucement sur le bord du lit. Je grogne. Elle berce la couette.
– Allez, et ne traîne pas trop dans la salle de bains. Bien sûr que je traîne dans la salle de bains. Le havre. La salle de bains se ferme à clef. Et il faut se maquiller, se maquiller. Je prends les trucs de ma mère. Il faut se plâtrer ce qu’on s’est gratté. Je plâtre. Je rate. C’est subtil. J’essuie, je recommence, je tamponne le fond de teint. J’estompe les contours. Je pourrais être peintre aussi. On est de la première session. On rejoint notre profe principale devant le collège. Chaque classe à tour de rôle va au bureau de vote aujourd’hui. Ma mère est là comme accompagnante. Se proposer était un mouvement subtil de sa part : ça peut être surveiller, ça peut être soutenir. Un mouvement de cul entre deux chaises. Je suis l’une des chaises. La chaise en mousse. C’est passé en tout cas auprès de l’autre chaise : mon père. Je souffle dans mes doigts : haaa. J’aime bien la fumée blanche. Plus chaud et plus froid après, à cause de l’humidité du souffle. J’aime bien la fumée blanche, j’aime bien le brouillard, j’aime bien les répétitions. Elle m’a pris la main ce matin quand on marchait vers l’école. Sur le petit chemin boisé. Complicité qui me réchauffe le cœur, complicité qui nourrit le poulpe géant enragé tapi dans mes fonds marins.
On va en rang à la mairie. La petite cour bordée de platanes derrière les grilles en fer forgé. L’ambiance est plutôt solennelle. Je crois qu’elle sourit. Elle reste à côté de moi. On ne dit rien. C’est pas du pipi de chat ce bâtiment. On entre. Les marches en pierre (du marbre ?) tapissées de grosse moquette rouge de qualitey, comme une langue encadrée de rambardes dorées. Les gens de la mairie nous orientent au premier étage. Bureau de vote 11. À la queue leu leu, on sort nos passe-ports et nos cartes électorales. Je ne sais pas pourquoi j’ai un peu le trac mais j’aime bien. Avoir une certaine importance.
Je tends mes papelards. La dame checke et me sourit. M’indique les bulletins. J’en prends un de chaque. Je m’arrête un peu interdit devant les isoloirs. Je me rappelle penser « on dirait des rideaux de douche ». Je suis dans ma salle de bains et je suis bien. J’aimerais y camper. De tous mes petits papiers, évidemment ce sera toi. A voté.
CHAPITRE 2
Je me rends compte de mon envolée lyrique « évidemment ce sera toi ». Tu t’es cru dans Walt Disney mon pauvre. Genre « évidemment ce sera toi ». Astride Diop… Cui-cui les p’tits oiseaux, cuit-cuit les p’tits oiseaux hi hi. Des fois je déconne dans ma tête. Quand je me prends la main dans le sac ça m’inquiète. Tout le monde fait ça ou c’est juste moi qui grésille ? Ça s’arrête jamais là-haut. Mme Gisèle tape un livre sur sa grande table de profe, ça me fait sursauter à mort, je porte ma main au cœur en regardant autour de moi, un peu théâtrale, ça fait marrer Leïla que je capte.L’école m’aura rendu amibe. Enfin je crois que les amibes c’est mou. C’est ce que je veux dire. J’ai plus d’os dans la colonne, je suis ployé comme un saule toute la journée la langue pendante sur mon pupitre. J’avais un autre mode avant. Celui qui consiste à lever la main en s’étirant le bras avec l’autre dans une impatience qui confine au malaise. Je savais, j’étais plein d’entrain et j’aurais souhaité qu’on reconnaisse mon intelligence. Qu’on me sorte de là. En mode « toi c’est bon, on va t’exfiltrer du quatrième cercle des Enfers, tu es promis à un grand avenir hors de cette fange ». Oui, au fond je pense que je voulais qu’on me prenne par cette main extendue. Gentiment. Doucement. Délicatement. Mais j’en ai été pour mes frais et je suis tombé dans un long sommeil comme la Belle au bois dormant (modulo que le prince c’est moi je laisserai personne me baiser la gueule quand j’dors !).
Je sais pas si je renvoie l’image que j’ai dans la tête mais c’est de l’inassistance à personne en danger. En tout cas tout le monde fait comme si de rien. Des avions en papier voyagent, au milieu des insultes murmurées et les songes d’un monde meilleur.
C’est ça l’ambiance. Mme Gisèle est sûrement aussi paumée que nous et tente de nous raccrocher au monde réel du déni. Elle nous met en tension comme un générateur électrique pour nous maintenir à flot au bord d’un précipice délirant.
Ah ? Elle pète un plomb. Elle agite les bras de bas en haut avec son tome de grammaire qui tape.
Extrait
« Au retour sur le chemin je lis le tract. On ne peut pas dire qu’ils aient forcé sur le graphisme. Il y a écrit en titre « Par et Pour les mineures ». Ça appelle à une « assemblée citoyenne publique » le 27 mai dans un parc, suivie d’une manifestation devant la préfecture. L’assemblée citoyenne « se donne pour but de réfléchir avec les personnes mineures à leur auto-organisation, ayant conscience du contresens à protester au nom des mineures contre les droits exercés par les adultes au nom des mineurs ». C’est lourd ! Au programme, « le recensement des organisations de personnes mineures déjà existantes et leur présentation. Les volontés de constitution de nouveaux groupes (qui peuvent également être manifestées en cette occasion). Les moyens à mettre à leur disposition ». Au verso il y a des extraits de textes. Une déclaration d’une orga d’enfants et ados du Nicaragua qui se sont réunis avec des Allemands du même âge jure !). Et qui t’ont pondu un texte on dirait de la science-fiction. Attention c’est bien hein je critique pas ! Je pensais juste même pas que ça pouvait exister. C’est au-delà du réel. Quand je pense qu’ils se sont vus en 1996 ça fait genre trente ans. » p. 58
À propos de l’auteur
Juliet Drouar © Photo Bénédicte Roscot
Juliet Drouar est auteur, thérapeute et chercheur sur les questions de dominations. Il a codirigé La culture de l’inceste (Seuil, 2022 et Points 2024), publié un essai chez Binge en 2021, Sortir de l’hétérosexualité et Pour le droit de vote des mineur·e·s (2022) sur son blog Mediapart. (Source : Éditions du Seuil)
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