Le Castor Astral – 2024 – 104 pages

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Le roman de Marie Rouzin se décompose en plusieurs instantanés de la vie d’une femme. Il y a l’enfant toujours sur son vélo rouge à arpenter les petites routes de sa campagne, toujours à trouver des lignes de fuite dans la fiction, qui aime grimper sur les toits ou se percher dans les arbres pour se raconter des histoires, pour échapper à l’image de petite fille modèle qui lui colle à la peau. « Un monde où seul ton vélo te permet de fuir,/ Et de garder l’équilibre. » Il y a la jeune fille qui débarque ensuite à Paris, le changement de monde, les amours, la recherche d’une place, d’une identité. Puis la jeune femme qui se retrouve confrontée à la violence masculine, dans toute sa laideur.

Treize âges de la vie d’une femme est un roman écrit en vers libres, qui déploie le tu au fil des pages, nous interpelant irrémédiablement. Le tu qui est en fait un je qui se cherche… Et ces mots qui reviennent comme un mantra, comme un entêtant refrain : « Personne ne peut dire si ce que tu racontes est vrai
Tant pis tu le racontes » J’ai trouvé ce texte tellement puissant, les mots m’ont percutée et brûlée. L’autrice déroule la vie de cette enfant qui grandit, femme en devenir, elle capture les instants décisifs de sa vie, ce qui la construit en tant que femme, les dangers qui la guettent, les injonctions qui collent à la peau. J’ai aimé ce texte intense – c’est fulgurant, bouleversant, universel. Les mots parlent d’elle, de moi, de toi, de nous, de vous, de nous toutes.