
Les lauréats 2024: Jeanne Pham Tran, Merlin Vervaet, Deborah Danblon, Marie Borel,
Emmanuel Dongala, Pierre Piret, Caroline Boulord, Grégoire Polet
et Jack Kéguenne. (c) ARLLFB.
L'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (ARLLFB)
a remis neuf
prix littéraires 2024 ce samedi 8 mars. Yves Namur,
secrétaire perpétuel de l'institution, a d'abord rappelé les noms de deux de ses membre, récemment
disparus, Michel del Castillo, élu le 12 avril 1997 et mort le 17 décembre
2024, Pierre Mertens, élu le 11 février 1989 et décédé 19 janvier 2025. Il
a eu un mot aussi pour l'écrivain Boualem Sansal, arrêté et emprisonné à Alger le 16
novembre 2024.
L'officiant a ensuite annoncé la couleur: quinze minutes par prix, réparties
entre proclamation par lui-même du/de la lauréat.e, lecture d'un extrait du
livre primé et conversation avec le/la lauréat.e. Venus de Belgique, de France
ou de Suisse, les neuf auteurs récompensés étaient tous présents à Bruxelles
en ce matin ensoleillé. Tout a bien commencé avec Grégoire Polet, Grand prix
du roman pour "Pax" (Gallimard). Mais ensuite... Lectures très théâtralisées,
intervieweurs extrêmement diserts, répétant parfois ce qui venait d'être dit.
Quand on a la chance d'avoir neuf lauréats de prix importants à disposition,
on aimerait que l'occasion soit donnée au public - venu nombreux - de bien les entendre pour mieux les
connaître. Encore faut-il leur laisser l'occasion de s'exprimer. Dommage. La
séance m'aura toutefois appris que maintenant, je peux dire
"J'ai eu venu à la remise des prix", en utilisant un passé surcomposé
dont j'ignorais l'existence et qui a été mis à l'honneur dans le prix
de linguistique.
Palmarès
Grand prix du roman
Ce prix annuel est doté de 1500 €. Il récompense un auteur ou une autrice
belge ou vivant en Belgique, pour un roman mais aussi pour d'autres genres de
fiction en prose (nouvelles, récits, apologues, etc.).

Le prix est
décerné à
Grégoire Polet pour
"Pax" (Gallimard, 2024, 448 pages). Un
récit virevoltant autour de la conférence de la paix organisée en 1919 par le
président Wilson.
"J'ai abordé la perméabilité entre le présent et le reste du temps".
Grand prix de l'essaiCe prix biennal est doté de 1500 €.
Il récompense l'auteur belge d'un essai. Les domaines concernés sont: la
philosophie, l'histoire, la sociologie, la spiritualité, la religion… à
l'exclusion de la critique littéraire, l'histoire de la littérature, la
linguistique et la philologie qui font l'objet de prix distincts.

Le prix est attribué à
Pierre Piret pour
"Le chant du signe. Dramaturgie expérimentale de
l'entre-deux-guerres"
(Circé, 2024, 210 pages). Analyse détaillée de sept auteurs de théâtre de
l'entre-deux-guerres (les Belges Crommelynck, Ghelderode et Soumagne et les
Français Apollinaire, Claudel, Cocteau, Vitrac).
Prix international de littérature françaiseCe prix
international, doté de 2000 €, récompense alternativement un recueil de
poésie, un roman et une pièce de théâtre et ce, pour une autrice ou un auteur
âgé de moins de 50 ans. Le prix 2024 est attribué à un roman.

Le
prix est attribué à l'unanimité du jury à
Jeanne Pham Tran pour
"De rage et de lumière" (Mercure de
France, 2023, 216 pages). Des liens invisibles se créent entre trois
"héros" aux yeux de la romancière, Jack Preger, médecin des rues de
Calcutta, sa mère qui s'est battue pendant 7 ans contre un cancer et la
narratrice.
"La rage, ce peut être la colère mais cela peut aussi être la rage de
vivre."
Grand prix des arts du spectaclePrix annuel doté de 1500 €, le
grand prix des arts du spectacle récompense du théâtre, mais aussi
éventuellement: scénario de cinéma ou de télévision, seul en scène, etc.

Le
prix récompense
Merlin Vervaet
pour
"Le groupe de l'Ouest lointain" (Lansman,
2024, 76 pages). Une écriture théâtrale renouvelée qui oublie le dialogue au
profit de la narration à la troisième personne. Une narration déjantée et
drôle qui dézingue la société.
"Je me suis beaucoup documenté. J'ai entre autres lu le journal de bord
du Belgica."
Grand prix de linguistique et de philologieDoté de 1500 €, ce
prix récompense l'auteur ou autrice, belge ou étranger écrivant en langue
française, d'un essai. Ce prix est réservé à la linguistique en tant que
théorie du langage, et à la philologie comme étude de la langue, analyse de
textes littéraires, etc. Il exclut donc l'Histoire de la littérature, des
idées, des mentalités et des courants littéraires qui font l’objet d'un prix
distinct et biennal lui aussi.

Le prix va à
Marine Borel pour
"Les formes verbales surcomposées en français"
(Peter Lang, 2024, 662 pages, téléchargement gratuit sur le site de la maison
d'édition,
ici), présentant 7500 exemples de formes verbales surcomposées en français. Un
temps inconnu de la plupart des personnes présentes dans l'auditoire Albert
1er de l'Académie, qui permet des phrases comme "Tu as eu venu à la remise des
prix", bien plus fort que "Tu es venu à la remise des prix" et explique
pourquoi.
Un charmant accent suisse qui n'a guère eu l'occasion de s'exprimer tant son
interlocuteur a pris du temps imparti.
Grand prix de poésieAnnuel et doté de 1500 €, ce prix
récompense un poète belge pour l’ensemble d’une œuvre ou un recueil
remarquable.

Le prix est attribué à
Jack Keguenne pour
"À la lanterne" (éditions Edern, 2024,
244 pages), recueil de textes poétiques écrits il y a cinq ans pendant le
confinement.
"Tous les poèmes sont dédiés à une personne suite à un événement ou un
échange avec quelqu'un. Ils sont lisibles par tout le monde mais offrent
un bonus à la personne à laquelle ils sont dédiés et pour moi."
Prix André GaschtCe prix biennal récompense une personnalité du
monde de la critique (presse, radio, télévision, internet, etc.), en activité
dans l’année où le prix est décerné ou pour son rôle éminent dans la
critique.

Le prix va à
Deborah Danblon pour
l'ensemble de son travail.
"Il y a les flèches et les couteaux suisses. Moi je suis un couteau
suisse.
Prix DécouverteLe prix Découverte récompense une œuvre
littéraire (principalement un recueil de poésie, mais également un roman ou
une pièce de théâtre) d’un auteur belge, prioritairement, âgé de moins de
quarante ans. Ce prix peut être attribué sur manuscrit.

Le prix
Découverte est attribué à
Caroline Boulord pour
"Les nuits filantes" (L'arbre à paroles,
2024, 86 pages). Le mélange de la joie sans borne d'une mère observant son
premier enfant et une forme de mélancolie qui en serait indissociable.
"Ma question est: qu'est-ce qui nous anime? Comment passer de l'inanimé
à l'animé?"
Prix Nessim HabifBiennal, ce prix récompense une
personnalité, issue de la francophonie hors de France, pour une œuvre
importante et de qualité écrite en langue française.

Le prix
récompense
Emmanuel Dongala,
écrivain et chimiste, pour l'ensemble de son œuvre. Notamment "Un fusil dans
la main, un poème dans la poche" (Albin Michel, 1973, roman), "Jazz et vin de
palme" (Hatier, 1982, recueil de nouvelles), "Le Premier Matin du monde"
(pièce de théâtre, 1984) , "Le Feu des origines" (Albin Michel, 1987, roman),
"Photo de groupe au bord du fleuve" (Actes Sud, 2010, roman), "La sonate à
Bridgetower" (Actes Sud, 2017).
Né le 14 juillet 1941 à Alindao (République centrafricaine) d'un père
congolais et d'une mère centrafricaine, Emmanuel Boundzéki Dongala passe son
enfance et son adolescence en République populaire du Congo, puis fait ses
études aux Etats-Unis et en France, avant d'enseigner la chimie à l'Université
de Brazzaville. Longtemps animateur d'un théâtre , il doit quitter le Congo
lors de la guerre civile de 1997. Il trouve refuge aux Etats-Unis, où il
enseigne à la fois la littérature francophone et la chimie.
"Mon travail de romancier est de dévoiler la beauté du monde qui se
cache. Le romancier ne regarde pas le monde comme le journaliste ou le
statisticien. Le romancier donne la dimension humaine du monde."