
Cambourakis – 2024 – 311 pages
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C’est une société totalitaire coupée du reste du monde, au bord d’un fleuve. Une société où la natalité est ultra surveillée, où les livres ont été bannis pour être remplacés par de purs produits de consommation, les librairies fermées. Une société où procréer est devenu obligatoire et se donner la mort interdit. Sur l’autre rive, une communauté de résistantes vivaient et a été décimées il y a quelques temps. Ève et son enfant semblent être les uniques survivantes du drame. Ève fait profil bas et cherche ses soeurs. Et puis, il y a Louise, castor géant dans un supermarché le jour et Élise dans un club de strip-tease le soir. Elle est en couple avec Raphaël et à vingt-cinq ans ils n’ont toujours pas d’enfant, ça commence à craindre… Un soir, Louise tombe sur un livre de Monique Witting, Les Guérillères dans le sous-sol du club. Commence en elle une lente prise de conscience du monde qui existait avant. Et puis, il y a Grâce, une autre rescapée de la communauté et Rosa, qui témoigne du passé et du massacre depuis sa prison de pierres.
Viendra le temps du feu m’a embarquée dès les premiers mots. J’ai été littéralement saisie par la puissance de ce texte et par l’incandescence des mots de Wendy Delorme. J’ai aimé suivre le destin de ces êtres écorchés dans leur chair, ces êtres qui ne se résignent pas au monde et à la place qu’on leur assigne de force. Ce monde dépeint par l’autrice verbalise toutes les angoisses qui nous rongent quand on pense au futur. Ce monde où les mots et la littérature sauvent. Je n’oublierai pas de sitôt ces personnages qui luttent dans l’ombre pour pouvoir un jour tout brûler.