A propos d’un village oublié • Véronique Mougin

propos d’un village oublié Véronique Mougin

Des gestes d’anonymes qui, sans gloire ni reconnaissance, ont sauvé des vies. 

╰☆ Résumé ☆╮

Oh, ce ne fut pas grand-chose, presque rien, à les entendre. Quand la traque commença, en 1940, les habitants de Mirabelle firent ce qu’ils purent pour aider Marguerite Stzurmpf. Pas grand-chose : une place au chaud dans le grenier et une assiette en plus, ni vu ni connu. Presque rien : un berceau pour son enfant, un coup de main pour les faux papiers, bouche cousue. Ce sont, en vérité, de précieux éclats de bonté que partage Véronique Mougin dans ce roman, mettant en scène les anonymes qui permirent à sa grand-mère d’échapper à la déportation. « Mes voisines, et le pasteur bien sûr, le fermier, plus la secrétaire de mairie… Dis donc, chérinette, tu réussiras à caser tous mes Justes, dans ton bouquin ? » On l’aura compris : il arrivera qu’au fil des pages retraçant son sauvetage Marguerite elle-même ajoute son grain de sel, malicieuse et têtue, mais après tout c’est son histoire, et y a-t-il jamais trop de mots pour dire le courage et la gratitude ?

✿ Mon avis ✿

Le dernier roman de Véronique Mougin (autrice qui me tient à cœur depuis son brillant et magnifique récit « Où passe l’aiguille ») parle de la Seconde Guerre Mondiale d’une manière si discrète que l’on pourrait presque oublier le contexte dans lequel on navigue pendant la lecture. À travers les pages, l’auteure retrace les gestes d’anonymes qui, sans gloire ni reconnaissance, ont sauvé des vies, et notamment celle de sa grand-mère. Ce récit nous plonge dans l’intimité de la guerre, mais d’une manière étonnamment douce et pleine de gratitude.

Ce qui m’a particulièrement frappé, c’est la bonté des personnages dans chaque chapitre. Chacun d’entre eux semble incarner une forme d’humanité pure, agissant avec un sens profond de solidarité, même si ces gestes paraissent insignifiants au premier abord. Tout comme dans ses livres précédents, la plume de Véronique Mougin est une force majeure dans le récit. Une élégance littéraire dans ses mots, une profondeur émouvante avec parfois une touche d’humour légère et juste.

Les interludes en italique furent pour moi les moments les plus touchants du roman. Peut-être car on avait vraiment l’impression d’être à côté de l’autrice et de sa grand-mère lors de l’écriture de ce titre. En quelques lignes seulement, ces interludes nous font traverser toute une palette d’émotions : de la douceur à la douleur, de la gratitude à la transmission. Ils sont d’une grande justesse et réussissent à capter l’essence de ce que signifie la solidarité, même dans les moments les plus désespérés. Des petites perles de tendresse et de réflexion qui ajoutent une profondeur particulière à l’ensemble du récit.

Toutefois, bien que j’aie été ému par la lecture, la structure du livre, qui consiste à raconter l’histoire à travers un personnage par chapitre, fut originale mais fut à l’origine d’une certaine distance avec les protagonistes. Chaque personnage reste en retrait. On ne les rencontre que brièvement, pendant quelques pages. Et bien que l’on perçoive la générosité de chacun, on ne tisse pas un lien profond avec eux. Il manque peut-être un peu d’intrigue ou de continuité narrative pour renforcer cette connexion. Le récit prend la forme d’un carnet de notes, une sorte de compilation de souvenirs et d’extraits de vies qui, parfois, peut sembler fragmentée. Ce fut pour moi le petit élément mitigé de ma lecture.

Dans l’ensemble, c’est un roman qui, par sa simplicité et son humanité, nous rappelle que les petites actions, souvent invisibles, peuvent avoir un impact énorme. Véronique Mougin rend hommage à ceux qui ont fait preuve de courage, d’altruisme et de discrétion, et elle parvient à nous toucher profondément sans sombrer dans la facilité de la narration dramatique. C’est un livre empli de gratitude et d’espoir, un hommage aux Justes de tous les jours, à ces héros invisibles qui ont fait une différence.

Merci à l’autrice et à Flammarion pour cette jolie découverte et ces retrouvailles avec la plume de l’autrice ! 

Partenariat non-rémunéré – Livre envoyé par la maison d’édition. 

 CHRONIQUE 950 – Mars 2025

  • Parution : 2025
  • Editeur : Flammarion
  • Nombre de pages : 208 pages
  • Genre : Littérature

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