
Seuil – 2024 – 160 pages
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« Bad-jens : mot à mot, mauvais genre. En persan de tous les jours : espiègle ou effrontée. »
Badjens c’est l’héroïne incandescente de ce roman bouleversant. Nous sommes en Iran, à Chiraz, à l’automne 2022. En plein coeur de la révolte « Femme, Vie, Liberté », Badjens a seize ans et elle escalade une benne à ordures ; elle s’apprête à brûler son foulard devant une foule impatiente et furieuse. Flashback sur les seize années qui précèdent son geste de rebellion. Sa naissance indésirable, son enfance dans l’ombre de la haine de son père et ses injonctions, son adolescence et le soutien indéfectible de sa mère – la « complice silencieuse de [son] émancipation. »
Le roman de Delphine Minoui est une lecture révoltée, jouissive, furieuse. J’ai été emportée dès les premiers mots par la puissance de cette plume qui nous fait ressentir la révolte qui gronde dans le corps de l’adolescente en butte avec ce monde pétri de violences et d’injustices, de mensonges, de répression – elle qui ne demande qu’à vivre. Libre.
« Les mots sont des armures contre la prison de nos maux. »