Bon, j'aime toujours autant l'écriture de Jean Echenoz mais là je n'ai pas adhéré à l'univers foutraque de Bristol. J'entends bien que l'auteur s'est amusé à nous balancer une galerie de portraits, qu'il a pris un menu plaisir à introduire tel personnage et ensuite à le placer dans l'intrigue pour justifier son introduction. J'ai parfaitement saisi qu'il a brodé, beaucoup brodé, qu'il est parti d'un point A pour arriver à un autre point B et en empruntant pas forcément le plus court chemin, voire plus long l'itinéraire fut, plus l'auteur a apprécié (moi, un peu moins). J'imagine que Bristol est bourré de clins d’œil artistiques (cinématographiques, littéraires... du type nouvelle vague, nouveau roman français), je les ai ratés. Oui, Jean Echenoz a fait de son histoire une non-histoire, c'est-à-dire un cumul d'instantanés de vie avec un film en genèse, une défenestration en énigme, des parties de jambes en l'air régulières. L'histoire démarre par un anti-héros Bristol, un réalisateur à la recherche de fonds de financement de son film, qui vit l'instant présent (et ne se projette guère... une vraie dichotomie intellectuelle), qui dit oui à peu près à tout et réfléchit après. L'incipit présente une chute mortelle et une entrée fracassante dans l'intrigue, après se déroule un tournage catastrophe et la suite, je vous laisse découvrir.

Dire que j'ai aimé, c'est plutôt non : j'ai lu sans rien comprendre et je suis à peu près sûre de ne rien retenir. Après, le traitement des personnages est intéressant : manipulés ils le sont par la fantaisie et la liberté de leur auteur. Les mots qui ressortent de cette lecture sont "décousu" et "bordélique". Reste la plume de l'auteur plus libérée que jamais, avec une volonté cette fois de moins se montrer, d'être moins présent (j'ai apprécié). Bref à vous de voir... je sais mon avis peu engageant mais je ne vais pas vous mentir non plus.
Les Éditions de Minuit.
Du même auteur : Des éclairs ; Envoyée spéciale ; 14 ; Vie de Gérard Fulmard