L'éternité de l'instant

L'éternité de l'instant de Zoé Valdés
Paru chez Gallimard en 2007
Traduit de l'espagnol par Albert Bensoussan.

Maximiliano Megia est un vieil homme, centenaire, qui vit seul à Cuba. Il n’a plus dit un mot depuis que sa femme l’a abandonné avec leurs cinq enfants, bien des années auparavant. Mais il va reprendre la parole pour sa petite-fille, Lola et raconter son histoire.

Il est né en Chine, s’appelait Mo Ying et a bénéficié d’une éducation raffinée, aimé de ses parents, un chanteur d’opéra et une calligraphe. Hélas, les bouleversements de la société chinoise au début du XXème siècle ont conduit l’élite intellectuelle vers la misère et provoqué l’exil du père, vers un avenir meilleur à Cuba, où vit déjà un cousin. Après quelques années sans nouvelles de lui, Mo Ying va partir à sa recherche. Son périple le fera voyager dans toute l’Asie et le Moyen-Orient, il tombera entre les pattes de trafiquants d’esclaves, qui le vendront au Mexique. Après de nombreuses péripéties, il retrouvera son père à Cuba.

La première partie, intitulée "Naître", raconte la vie des parents de Mo Ying, puis l’enfance et l’adolescence de celui-ci et son départ pour retrouver son père. La sobriété du style surprend, venant de Zoé Valdès, ainsi que la narration chronologique. Tout change dans la deuxième partie "Vivre", qui s'attache à la vie de Mo Ying devenu Maximiliano. Le lecteur voyage en permanence entre la Chine et Cuba, de l'époque du père de Mo Ying, chanteur du théâtre traditionnel chinois de la fin du XIXème siècle, jusqu’à la vie actuelle de Maximiliano Megia, dans sa chambre au sous-sol d’un immeuble du quartier chinois de La Havane. Le style reste beaucoup plus sobre que dans les autres romans de l'auteur.

On pourrait s'y perdre mais l'histoire suit les méandres de la mémoire d'un vieillard qui survit grâce à ses souvenirs et à l'espoir qu'a fait renaître la rencontre avec sa petite-fille.

Sur le site de Gallimard, vous pourrez trouver en annexe à la fiche du livre, un extrait ainsi qu'un commentaire de Zoé Valdès, qui explique la genèse de son roman. Elle s'est inspirée de la vie de son grand-père chinois pour écrire ce roman, mais a réinventé l'histoire.

J'ai aimé ce livre, qui m'a réconcilié avec l'auteur. Je n'avais pas pu terminer "Le pied de mon père", dégoûtée par le langage ordurier et les extravagances de l'histoire. Ici, rien de tout cela. Je vais peut-être essayer de lire d'autres romans parus entre les deux. Vos conseils sont les bienvenus.

Quelques avis : ici et là.