Vous prenez Millgrove, un petit village anglais comptant à peine 1000 âmes. Chaque année, un concours s'organise pour mettre à l'honneur les talents locaux. Danny Birnie, un camarade de Kyle, veut prouver qu'il possède le don d'hypnose. Quatre personnes se portent volontaires, dont Kyle et Lily (la petite copine de son meilleur pote). Le numéro dure quelques minutes, mais lorsque les quatre cobayes se réveillent, ils découvrent le public inerte. Comme un arrêt sur images. Pendant une heure, Kyle, Lily, Mrs O'Donnell et Mr Peterson tournent dans le village endormi comme des lions en cage. Ils ne trouvent aucune explication au phénomène. Et puis, miraculeusement, toute la foule a repris ses esprits. Kyle pense naïvement que la vie a repris son cours.
Non, non. Le cauchemar ne fait que commencer. Un cauchemar fait de faux-semblants et d'abrutissement total, en fait. Où l'on se demande ce qu'il se passe, ce que masque le black-out, pourquoi tous les gens de Millgrove ont reçu un traitement qui a lobotomisé leur cerveau, comment se fait-il que personne ne réagisse ou se souvienne de l'avant, pourquoi eux et pas les quatre autres ?! Le malaise s'accentue lorsque Kyle comprend qu'il devient le point dérangeant sur la carte. C'est un 0.4, a dit le docteur. Pas le temps de dire ouf, le garçon prend ses jambes à son cou.
L'histoire a su me tenir dans ses filets pendant une large partie du roman, et même si c'est de l'action lente, avec quelques sursauts de suspense, je n'ai pas trouvé le temps long. J'étais curieuse de démasquer le pot-aux-roses, de comprendre le phénomène du 0.4, aussi scientifique et grotesque que cela puisse être. Las ! ça se termine en eau de boudin, notre histoire. J'avais bien détecté que ça virait au blabla, mais qu'il fallait en passer par là pour décoder le système. Néanmoins, je m'étais attendue à une fin plus bluffante et moins lisse, moins facile. C'est expédié comme une couche de beurre sur la tartine, avalé avec du café au lait et on oublie. Huh ? N'en faisons pas une déception déchirante non plus, parce que l'histoire n'est pas banale mais franchement bizarre, et rien que pour ça elle aurait pu mériter un minimun de respect pour son final. Ou un ersatz de feu d'artifice. (Il est annoncé que l'auteur travaille sur la suite, accordons-lui le bénéfice de nous surprendre encore !)
0.4 - Mike A. Lancaster
Nathan, coll. Blast, 2011 - 254 pages - 13,90€
traduit de l'anglais par Anne Delcourt