Du domaine des Murmures - Carole Martinez
Éditions Gallimard (2011)
En 1187, Esclarmonde, fille du châtelain du domaine des Murmures, voudrait consacrer sa vie à Dieu mais son père ne veut pas l'entendre. Il est résolu à la marier avec Lothaire, le benjamin du seigneur de Montfaucon. En pleine cérémonie, devant l'archevêque, Esclarmonde dit non et se tranche l'oreille. Elle obtient que sa dot serve à ériger une chapelle au château et qu'un réduit y soit aménagé, où elle sera enfermée jusqu'à la mort.
C'est ainsi qu'Esclarmonde devient une emmurée, que les pèlerins de tout le royaume viennent consulter, tissant entre elle et ses semblables un réseau plus ouvert sur le monde que ne lui aurait offert une vie d'épouse.
C'est une belle histoire que raconte Carole Martinez mais je m'attendais à un roman plus mystique et plus religieux. Sur le même thème de l'enfermement au nom de la Foi, j'avais lu dans les années 1970 La tour de Constance d'André Chamson, qui s'intéressait aux emmurées d'Aigues-Mortes et à leurs destins dramatiques.
Ici, il y a aussi du drame mais pas seulement. Il y a aussi une vie bouillonnante, qui s'exprime autant à l'extérieur du réduit, au domaine et jusqu'en en Terre Sainte, qu'à l'intérieur où Esclarmonde n'aurait sans doute jamais imaginé une existence aussi agitée et en prise avec les évènements de son siècle. Esclarmonde réussit à convaincre son père de partir à la croisade et grâce aux forces de l'Esprit, maintient un lien avec les pèlerins, ce qui permet à l'auteur de narrer à la fois ce qui se passe aux alentours de la cellule de l'emmurée mais aussi la périlleuse quête des chevaliers. Tout est réunit pour une fable épique et flamboyante, servie par une langue fluide et imagée.
Ce roman a obtenu le prix Goncourt des lycéens 2011.
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Éditions Gallimard (2011)
En 1187, Esclarmonde, fille du châtelain du domaine des Murmures, voudrait consacrer sa vie à Dieu mais son père ne veut pas l'entendre. Il est résolu à la marier avec Lothaire, le benjamin du seigneur de Montfaucon. En pleine cérémonie, devant l'archevêque, Esclarmonde dit non et se tranche l'oreille. Elle obtient que sa dot serve à ériger une chapelle au château et qu'un réduit y soit aménagé, où elle sera enfermée jusqu'à la mort.
C'est ainsi qu'Esclarmonde devient une emmurée, que les pèlerins de tout le royaume viennent consulter, tissant entre elle et ses semblables un réseau plus ouvert sur le monde que ne lui aurait offert une vie d'épouse.
C'est une belle histoire que raconte Carole Martinez mais je m'attendais à un roman plus mystique et plus religieux. Sur le même thème de l'enfermement au nom de la Foi, j'avais lu dans les années 1970 La tour de Constance d'André Chamson, qui s'intéressait aux emmurées d'Aigues-Mortes et à leurs destins dramatiques.
Ici, il y a aussi du drame mais pas seulement. Il y a aussi une vie bouillonnante, qui s'exprime autant à l'extérieur du réduit, au domaine et jusqu'en en Terre Sainte, qu'à l'intérieur où Esclarmonde n'aurait sans doute jamais imaginé une existence aussi agitée et en prise avec les évènements de son siècle. Esclarmonde réussit à convaincre son père de partir à la croisade et grâce aux forces de l'Esprit, maintient un lien avec les pèlerins, ce qui permet à l'auteur de narrer à la fois ce qui se passe aux alentours de la cellule de l'emmurée mais aussi la périlleuse quête des chevaliers. Tout est réunit pour une fable épique et flamboyante, servie par une langue fluide et imagée.
Une voie immense se déroulait la nuit en mon réduit, je sentais en mon corps la fatigue du croisé et, au bout de mon bras, le poids de son épée ravageant la Thrace, j'entendais à ses côtés la voix de Thierry II psalmodier ses prières et, à l'horizon de cette route sans cesse repoussé, je guettais le soleil du matin, me demandant chaque fois si celui-ci serait le bon, celui qui achèverait mon père, son assassin, et le soleil tombait le soir dans le dos du pèlerin en armes sans l'avoir poignardé. Les jours se succédaient, les terres et les cités, le royaume de Hongrie et l'Empire byzantin et Andrinople, dont le saccage leur avait ouvert les portes du Bosphore, et les sermons de Thierry II galvanisaient les troupes du Tout-Puissant, justifiant par la Bible le sang répandu, mal nécessaire que tout cela, hurlait-il aux guerriers, puisqu'il avait bien fallu sacrifier les premiers-nés d'Égypte pour gagner la Terre sainte. (page 128)Une lecture à découvrir, même si je suis moins enthousiaste que Clara, Aifelle et Kathel et plus sensible que Sylire ou Canel à l'épisode de la croisade.
Ce roman a obtenu le prix Goncourt des lycéens 2011.
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