Starters, Tome 1
de Lissa PRICE(Challenge YA / Jeunesse - 30/24,
Challenge S.T.A.R.)
Robert Laffont (Collection R),
2012, p. 452
Première Publication : 2012
Pour l'acheter : Starters
Titulaire d'un mastère en écriture de UCLA, Lissa Price est une scénariste américaine de talent. Elle a écrit des programmes jeunesse pour la télévision et reçu de nombreuses récompenses pour ses scénarios. La duologie Starters, son premier projet pour ados et jeunes adultes, a créé l'événement auprès des éditeurs internationaux, dès la soumission du manuscrit.
Merci à Karen et à la Collection R pour cette jolie découverte...
Force est de constater que depuis sa création en janvier dernier, la Collection R tape dans le mille ! J’avais beaucoup aimé La Couleur de l’âme des anges de Sophie Audouin-Mamikonian, carrément adoré La Fille de braises et de ronces de Rae Carson et voilà que je me suis surprise à dévorer ce troisième titre ! Même si un ou deux points m’ont un peu chagrinée, je me suis laissée embarquer du début à la fin et j’en redemande !
Trois mois, trois titres, trois succès pour ma part. Pourvu que la collection R continuer sur cette lancée !
Commençons par parler de ce qui m’a un peu gênée pour terminer sur le meilleur ! Je me rends compte, de plus en plus, que le point faible de la plupart des livres que je lis réside du côté de la romance qui ne me convainc quasiment jamais. Trop rapide, trop mièvre, pas crédible… je n’y crois pas et ne vibre pas avec les amoureux. Et j’ai une nouvelle fois pu faire cette constatation avec Starters, en suivant les histoires de cœur de Callie l’héroïne.
Alors peut-être suis-je insensible ou peut-être ai-je simplement passé l’âge de m’émerveiller face à des histoires d’amour absolument invraisemblables ? J’imagine qu’en vieillissant, on perd ses illusions et on a plus de mal à croire en une histoire d’amour coup de foudre et éternelle… Alors oui, la vie amoureuse de Callie, c’est bien « mignon » mais ça n’a pas su m’accrocher.
Heureusement, l’aspect romance n’empiète pas sur le reste et sait se faire plus ou moins « discret ». Donc je n’ai pas adhéré, c’est un fait, mais ça n’a pas non plus gâché ma lecture. Le rebondissement final apporte, qui plus est, un petit élément qui pimentera, je pense, le tome suivant. Affaire à suivre !
Le rythme est soutenu, les pages se tournent vite, on a envie de savoir, de découvrir la vérité. J’ai été tenue en haleine jusqu’au bout et n’ai pas vraiment senti de temps morts. Les toutes dernières lignes nous laissent sur une dernière révélation qui promet encore quelques rebondissements pour le deuxième tome de ce diptyque. Malgré ce dénouement ouvert, on peut se satisfaire de cette première partie qui ne nous laisse pas sur un suspense insoutenable (et c’est appréciable parce que les gros cliffhangers c’est frustrant).
J’ai adhéré à l’idée de base de ce monde dystopique : les personnes âgées (très âgées même puisque dans ce monde futuriste, on vit centenaire) louent le corps de personnes jeunes pour quelques jours… ou plus. Les propriétaires des corps, généralement sans famille et sans ressource, se résignent à cette location illégale (l’entreprise fait partie de ces choses qui existent, tout le monde le sait mais tout le monde se tait) pour gagner de l’argent et sortir de la rue et de ses squats. On comprend petit à petit qu’une guerre a eu lieue quelques années plus tôt et qu’à cause d’un virus, toute une génération s’est éteinte : les parents des enfants/adolescents aujourd’hui orphelins démunis. Les plus chanceux ont été recueillis par leurs grands-parents, les autres survivent comme ils le peuvent.
Lorsqu’il s’agit de mondes futuristes où des scientifiques (ou le gouvernement) tentent des expériences sur une population exploitée et inconsciente… ça me plaît. Et c’est le cas ici. En revanche, c’est vrai que l’univers est finalement assez peu développé, on reste en surface ; il aurait peut être mérité d’être un peu plus approfondi. Peut-être un peu plus d’informations et de réponses (plus d’éléments sur la guerre, sur ce que sont devenus les adultes, sur le virus qui les a terrassés…) dans le tome suivant ?
Donc on fait la connaissance de la jeune et jolie Callie qui, depuis la guerre et la mort de ses parents, vit seule dans la rue avec Tyler, son petit frère malade et Michael, un de ses amis squatteurs. Sans le sous et pour offrir une vie meilleure à Tyler, Callie signe le contrat et loue son corps pour trois voyages. Les deux premiers, courts, ne posent aucun problème et la jeune fille se réveille à chaque fois d’une inconscience profonde qui ne lui laisse aucun souvenir… mais voilà que tout se complique avec la troisième location ! Callie réintègre son corps subitement avant la fin du contrat et doit se faire passer pour la locataire, une Ender centenaire richissime. Bien malgré elle, la jeune Sarter se retrouve mêlée à un complot bien plus grand qu’elle l’imagine au départ… et maintenant qu’elle est au courant des projets de sa locataire, hors de question qu’elle laisse celle-ci utiliser son corps pour commettre des meurtres ! La jeune adolescente a réussi à me séduire la plupart du temps même si elle est parfois un peu trop butée. Je n’ai pas eu une énorme empathie pour elle mais j’ai aimé la suivre.
Les autres personnages me semblent en revanche très (trop) secondaires et donc trop peu exploités. Sauf peut-être Helena (la locataire Ender) et le Vieux qui ne prend de l’importance que dans la dernière partie mais qui est sacrément intriguant ! J’espère qu’on en saura plus sur lui très vite car je me pose plein de questions à son sujet ! Je n’ai rien dit des deux garçons qui font partie de la vie sentimentale de l’héroïne (et oui, le triangle amoureux est un incontournable…), Michael et Blake, puisqu’il n’y a pas grand-chose à dire ; ils sont assez superficiels pour le moment (mais je sens une évolution du côté de Blake dans le deuxième tome).
Côté forme, on ne peut pas nier que ce soit fluide et très rapidement lu. La mise en page très aérée accélère d’autant plus le rythme de lecture et les pages se tournent à une vitesse affolante. L’utilisation du point de vue interne fait à nouveau ses preuves ici et je trouve qu’il est particulièrement pertinent dans les dystopies (le héros ouvre les yeux sur la réalité de son monde et en fait profiter le lecteur en même temps). J’ai par contre été assez surprise, au début, par l’utilisation du présent, plus habituée à l’emploi des temps du récit. Mais ce n’est finalement pas désagréable puisqu’apporte ce côté réel, urgent et palpable qui manque parfois aux textes conjugués à l’imparfait et au passé simple. J’ai parfois eu un peu de mal à m’imaginer les décors mais ai toujours été prise dans les scènes. Fluide et agréable, donc.
Pour conclure. Je me relis et je me rends compte que j’ai relevé plus de points « négatifs » que je le pensais. Ce livre n’est pas parfait, certes, mais il m’a embarquée. J’ai été baladée du début à la fin. Les pages défilaient, je ne savais pas du tout ce qui allait se passer et je suis allée de rebondissements en révélations sans bouder mon plaisir. Malgré ses petits défauts, Starters m’a surprise de bout en bout… ce qui explique mon petit coup de cœur !
Challenge YA/Jeunesse : 30/24