Le Bouncer se lance à la poursuite des assassins de Sayayawea et de son bébé. Affrontant la neige, les loups et des hommes sans lois, le Bouncer a fort à faire pour rester en vie…
Scénario d’ Alexandro Jodorowsky, dessin de François Boucq, Public conseillé : Adulte, adolescent, homme ou femme
Style : Western
Paru chez Glenat, le 21 Novembre 2012 ShareMes Partenaires
L’histoire
Lors d’une soirée de poker trop arrosée, un fourgon pénitencier se présente dans la ville du Bouncer. Sa mission : ramener à Deep-End un meurtrier et voleur d’or, surnommé « Lapin Vila ». Mais la bande peu commode des convoyeurs, emmenée par Pretty John, joue les troubles fêtes. Sous l’emprise de la boisson et de la colère, le fils du terrible directeur du pénitencier, assassine Sayayawea et son bébé. Prenant la fuite dans la foulée, ils échappent à la justice.
Pour venger la mort de son amie, le Bouncer les prend en chasse, malgré des conditions hivernales impossibles. Entre la traque au milieu des loups, et la mission suicide, le Bouncer ira jusqu’en enfer (to hell) pour assouvir sa vengeance…
Le Western, c’est Bouncer !
Voilà l’accroche des publicités. Eh bien, je dois dire que je suis assez d’accord. Exceptées les séries qui utilisent le genre au second degré (“Texas Cowboys” de Trondheim et Bonhomme qui se rapproche plus d’un pastiche, ou la belle série humoristique “Lincoln” des frères Jouvray) le Western est peu représenté actuellement en bd. Jouant en solo dans le registre « réaliste et cru », la série Bouncer s’est vite imposée comme une référence. Par le dessin réaliste de François Boucq, et par les scénarii de Jodorowski, Bouncer se situe dans la filiation d’un « Comanche » d’Herman, voire (si j’ose) de Blueberry.
Grâce au changement d’éditeurs (Humano vers Glénat), la série reprend son souffle après une pause de 3 années et propose, comme à l’accoutumée, un dyptique tout en muscles, en balles perdues et en finesse.
Un personnage fort, une histoire simple
Utilisant les codes du genre (paysages et gueules typées), Jodorowski a imaginé un personnage fort, reconnaissable (trop facile, c’est un “manchot”) et très moderne. Puisant dans ses faiblesses, ses racines et sa différence, le Bouncer s’en sort toujours in extremis. Son caractère “relativement simple” et “fou de justice” le rend “accessible” et proche de nous, malgré son handicap.
Dans cet album, Jodorowsky centre son histoire sur la recherche obsessionnelle de son héros. Comme il est de coutume dans un dyptique, ce premier tome pose le principe dramatique et met le héros dans une position insoluble. Pour éviter une mise en place un peu laborieuse, il place son héros directement dans une situation mortelle (qui se passe plus tardivement dans le récit). Ce n’est qu’en flash-back, que nous apprenons l’origine de l’histoire. Bien vu, l’effet !
Côté exploration des personnages, Jodorowsky a déjà beaucoup traité le passé du Bouncer. Puisque tout a été dit sur le sujet, il utilise les composantes de son caractère pour le placer dans de nouvelles situations. Ses réactions ne donnent pas plus d’infos sur sa personnalité, mais contribuent à le rendre dense et cohérent.
Quel dessin !
Vous allez prendre une grande claque visuelle ! François Boucq est au sommet de son art. Avec une virtuosité incroyable, il croque les grands paysages, et les hommes. A mon avis, sa maîtrise est totale, rien ne lui échappe. Je ne lui trouve aucun défaut, c’en est presque énervant.
Puisant dans son travail de caricaturiste sur ses séries humoristiques (Jérome Moucherôt par exemple), il dessine avec une légère exagération les expressions de ses personnages. Rendant perceptibles leurs caractères, leurs âmes, il les expose sur sa feuille de dessin… et moi, j’applaudis.
Ce que j’en pense
Enfin, Vous allez pouvoir reprendre le cours de votre vie ! Le Bouncer revient après 3 ans d’absence et un changement d’éditeur (Humano > Glénat). Pas de panique, la recette n’a pas bougé. Retrouvez avec bonheur l’univers dur et cru de Jodorowsky où les personnages semblent sortis d’un film des frères Cohen. Avec leurs tronches improbables, ils s’enfoncent dans des situations dangereuses. Dans ce “Wild West” là, seul un manchot-tireur-d’élite (et fin psychologue) peut s’en tirer… Le Bouncer est là pour vous montrer que l’apparence ne fait pas le moine. Sûr !
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Cette critique fait partie de l’opération “la BD du mercredi” de Mango