Quant Léa, jeune femme un peu paumée, perd son père ; tous les souvenirs de sa jeunesse remontent et avec eux un secret bien gardé…
Scénario de Zidrou, dessin de Benoit Springer, Public conseillé : Adulte
Style : Récit intime (drame) Paru chez Dargaud, le 11 janvier 2013 Share
L’histoire
Léa est une jeune femme assez banale. Trentenaire, animatrice d’un show télé, pas très stable, le coup de fil qui suit va changer sa vie : elle apprend la mort de son père.
Dans la maison de ses parents, Léa se souvient. Sa jeunesse insouciante, son père idéal, médecin toujours absent, le divorce de ses parents, son adolescence, sa rencontre avec Léa, son amie… Tous ces petits moments qui construisent l’identité d’un individu en le marquant profondément.
Mais le décès de son père fait ressurgir un lourd secret familial qui empoisonna sa vie…
Triste et beau
Quelle claque !!!!! Je n’ai jamais été aussi ému (aux larmes) à la lecture d’un album…
Avec ce one-shot, Zidrou revient avec une histoire hypersensible et bouleversante. Après m’avoir profondément touché sur « Les Folies Bergère » et « La Peau de l’Ours« , Zidrou m’étonne encore en écrivant le plus touchant album de BD qu’il m’ait été donné de lire…
En conteur d’histoire et amoureux des gens, Zidrou dépouille son récit jusqu’à l’extrême. Dans « le Beau Voyage », il s’attaque au récit intime d’une jeune femme, raconté à la première personne. Justesse des dialogues, finesse des moments de vies, tout sonne vrai. Sans romance, ni pathos, il raconte simplement son héroïne, « Léa », au gré de sa mémoire, avec compassion et empathie.
Attendez-vous à pleurer à chaudes larmes. Triste et poignant, cet album ne vous laissera pas de marbre. Pourtant, « Le Beau Voyage » n’est pas qu’un drame. Au-delà de la saga familiale et du secret vénéneux, c’est d’abord une renaissance. Après la colère et la tristesse, Léa comprend et accepte son passé. Elle en sort plus forte, remplaçant le chagrin par un acte d’espoir et de lendemains…
Le dessin
A chacun de ces one-shots, Zidrou collabore avec un nouveau dessinateur. Sur ‘Le beau voyage », c’est Benoit Springer qui s’y colle. Son style, simple et nerveux, limite tremblant, n’est pas ce que je préfère. Et pourtant… Comme toujours, Zidrou fait le bon choix. Il trouve en Springer le complice idéal. Son dessin, direct, sobre et limpide accompagne avec justesse le thème et le récit. Très vite, on oublie ses imperfections et on se concentre sur l’histoire. Absorbé par les souvenirs de Léa, le dessin et le découpage de Springer sonnent clairs et authentiques.
La musique
Quel étrange titre pour un drame… Zidrou, en amateur de musique, a choisi cette chanson de Boby Lapointe avec beaucoup de finesse. Sous son apparence comique-à-deux-sous, « Le Beau Voyage » est un petit bijou de poésie et de sensibilité. Avec humour, Zidrou associe le père de Léa à cette chansonnette, qui l’accompagnera jusqu’au cercueil.
Ce que j’en pense
Waouuuuu !
Enfin, un album différent, hypersensible, triste et beau à la fois. Si vous voulez rompre avec vos habitudes de lecture et partir dans un voyage intérieur, suivez Zidrou et Springer. Drame bouleversant, étude de mœurs, récit intime et vrai, « Le Beau Voyage » est tout ça à la fois : un album sans complaisance, qui met à nu les secrets d’une famille et cherche la lumière et la vie malgré tout. Bourré d’émotions et de sentiments vrais, l’album est servi par le dessin juste et sincère d’un Benoit Springer tout en retenue.