Haddad © Zulma 2013
Après avoir causé la mort d’une jeune fille dans un accident, Matabei quitte Kobe et se réfugie à Atôra, au nord-est de l’île d’Honshu. Accueilli à la pension de Dame Hison, une ancienne courtisane, il tente de se reconstruire, loin du brouhaha du monde. Dans ce lieu si particulier, Matabei rencontre Osaki, peintre d’éventail et créateur d’un jardin zen qui lui enseigne son art. A la mort de son maître, il hérite de l’atelier et s’applique à terminer les éventails inachevés tout en entretenant le jardin. Dans cette quête de perfection esthétique hors de la folie des hommes, Matabei trouve l’apaisement. Au contact de la nature, il découvre que l’équilibre des compositions du jardin participe à l’équilibre de l’âme. Mais une passion naissante pour une jeune femme et surtout un terrible séisme entraînant un tsunami et une catastrophe nucléaire vont anéantir sa sérénité retrouvée.Une chose est sûre, Hubert Haddad ne ménage pas ses personnages lorsque ceux-ci se lancent dans un exil volontaire censé leur offrir une vie meilleure. Ce fut déjà le cas avec Alam l’afghan dans Opium Poppy, son roman précédent, c’est la même chose ici pour Matabei. La fuite, le rêve et la mort, point de salut. Mais dans son portrait du japon rural, l’écrivain ajoute cette fois-ci à la tragédie en cours la célébration de la beauté crue d’une nature indomptable. Une nature certes suppliciée par le séisme mais qui, toujours, finit par se relever.
L’écriture d’Haddad est aérienne, contemplative et mélancolique, tout en délicatesse. Il se dégage de son texte une musicalité vibrante qui jamais ne sombre dans une quelconque préciosité. Une forme de raffinement dans lequel le lecteur se laisse bercer avec délectation. Comme si, dans ce monde au bord de l’apocalypse, il était encore possible de préserver un soupçon de grâce.
Le peintre d’éventail d’Hubert Haddad. Zulma, 2013. 192 pages. 17 euros.
L'avis de Maryline