Francesconi et Mazille © Ricochet 2012
Par les temps qui courent nous sommes nombreux à rêver d’hibernation. Difficile de supporter le froid, la pluie, la neige, le vent, le manque de luminosité et les maladies de saison qui vont avec. Ah, si on pouvait traverser cette sale période en dormant plusieurs mois pour se réveiller lorsque les beaux jours seront revenus... Et bien laissez-moi vous dire que ce n’est pas si simple. Une hibernation, ça se prépare, et pas qu’un peu. Déjà il faut se goinfrer pendant l’été. En deux mois de temps, les futurs hibernants doublent de volume (et ça mesdames, passer de 55 à 110 kgs pour dormir tout l’hiver je ne suis pas certain que cela vous emballe). Ensuite, il faut aménager son terrier ou sa tanière pour ne pas souffrir du froid. Sans compter que l’activité cérébrale est tellement réduite au cours de cette période que chez les humains on parlerait de coma. Enfin, il faut savoir que l’hibernation ralentit les battements du cœur et la respiration de manière considérable. A tel point que si l’on n’est pas bien préparé pour hiberner, notre corps ne supportera pas l’exercice et lorsque le printemps sera revenu, notre long sommeil sera devenu définitif (ce qui arrive encore souvent chez certains hibernants, notamment les hérissons).Un album extrêmement instructif. J’ai appris des tas de choses (en même temps les sciences et moi ça fait deux^^). Par exemple, il y a une différence entre les hibernants (ceux qui dorment en continu avec à peine quelques phases de réveil, pour grignoter ou uriner) et les hivernants qui eux ne dorment que d’un œil et peuvent sortir si le temps le permet ou même donner naissance à leurs petits pendant l’hiver. L’ours par exemple est un hivernant, comme le raton-laveur ou le blaireau. Les exemples d’adaptation du métabolisme à la période d’hibernation sont incroyables. Ainsi la chauve-souris ralentit son rythme cardiaque de 500 à 12 pulsations en moyenne alors que la température corporelle des marmottes passe de 37 à 7 degrés tandis que le hérisson, lorsqu’il hiberne, peut rester une heure sans respirer. Et que dire de la grenouille terrestre du Canada, un animal à sang froid qui, pour passer l’hiver, se laisse prendre dans la glace jusqu’aux beaux jours. En fin d’ouvrage, un texte fort intéressant nous apprend que le cerveau d’un rongeur en hibernation présente de nombreuses ressemblances avec celui d’un malade d’Alzheimer en phase terminale, la différence fondamentale entre les deux étant que chez le rongeur, la dégradation des fonctions cérébrales n’est que temporaire et surtout réversible alors que ce n’est pas le cas chez l’être humain. Les chercheurs tentent donc de comprendre comment les hibernants parviennent à retrouver un fonctionnement normal pour envisager de reproduire le phénomène sur l’homme et espérer ainsi vaincre Alzheimer. Passionnant je vous dis !
Graphiquement, le trait de Capucine Mazille a la patine et le charme des dessins naturalistes d’antan. Le format à l’italienne et les doubles illustrations pleine page sont un régal pour les yeux. Magnifique ! Un superbe album faisant partie d’une collection (Ohé la science !) aussi riche que variée. Voila donc une incontournable lecture de saison à partager avec vos petits bouts (moi c’est déjà fait).
Comme des marmottes : L’hibernation de Michel Francesconi et Capucine Mazille. Ricochet, 2012. 40 pages. 12,20 euros. A partir de 6 ans.