L’homme qui n’aimait pas les armes à feu (T2) – Sur la piste de Madison

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Pourquoi Margot de Garine a-t-elle quitté son époux, Maître Byron Peck ? Comment le Danois Knut Hoggaard, alors est-il entré dans la vie de Margot et de Byron ? Que contiennent ces mystérieuses lettres ?..

Scénario de Wilfrid Lupano, dessin de Paul Salomone, Public conseillé : Adulte et Adolescent

Style : polar sur fond de Western Paru aux Editions Delcourt, le 30 janvier 2013

Résumé du premier tome

1899. Byron Peck, avocat à Boston et son secrétaire danois mal dégrossi, Knut Hoggaard, sillonnent le désert à la recherche de Margot. Cette délicieuse ingénue, épouse de Peck, est l’amante d’un chef de gang mexicain qu’elle vampe pour mieux voler. Son but : remettre la main sur de précieux documents qu’elle a dérobé à Hoggaard et à son mari. Avant que la belle n’atteigne son but, un vieil indien, que tout le monde croyait sénile, se fait la malle avec le butin du mexicain et la mallette. Tandis que Peck et Knut mettent la main sur Margot, un bagagiste simplet et amoureux la sauve in-extremis, laissant le duo en plein désert et en piteux état.

L’histoire du second tome

Pendant que Knut se remet doucement de ses plaies, Byron se remémore les circonstances qui l’ont amené dans cette galère.
Six mois plus tôt, Byron était un jeune avocat désargenté, ambitieux et sans scrupules. à la solde de la compagnie « Pacific Electricity Railway », il exploitait une faille juridique qui permettait à son client de déposséder un pauvre bougre. Ayant tout perdu, le vieux Cole se suicide, laissant quatre enfants et une femme dans le besoin. La situation n’aurait pas empêché de dormir Byron, si la famille Cole n’avait pas juré de se venger. Cible facile, incapable de se battre, ni d’utiliser une arme, Byron se barricade chez lui, perdant le sommeil, ses clients et l’amour très intéressé de sa femme Margot…


La suite !

Avec le premier tome de « L’homme qui n’aimait pas les armes à feu », Lupano et Salamone nous avaient réservé une bien belle surprise l’année dernière. Leur faux-vrai western, leurs personnages « forts en gueules », le comique de situation hilarant et le mélange de genre improbable m’avaient surpris avec bonheur. C’est donc avec une attention toute particulière que j’attendais la suite du truculent et inclassable « L’ Homme qui n’aimait pas les armes à feu ».
Avec le deuxième tome, Lupano et Salamone nous servent une bonne rasée d’explications. L’heure des éclaircissements a sonné. D’où vient ce rapport d’amour et de haine entre Margot, son mari Byron et ses amants ? Qui est vraiment « Knut » ? Enfin, quel est ce fichu document, capable de changer l’histoire de l’Amérique ?
En mélangeant action, enquête et flashbacks qui éclairent chaque personnage, Lupano nous démontre une fois de plus son talent de conteur. Menés dans le plus grand désordre apparent (mais en fait avec une maîtrise parfaite) « L’homme qui n’aimait pas les armes à feu » nous embarque dans un grand récit de Western Spaghetti épicé, façon Sergio Leone, ou s’entrecroisent petite et grande Histoire.

Quelle galerie de portraits !

Dans ce nouveau tome, Lupano et Salamone complètent leur « galerie des horreurs ». Archétypes du « Bon, de la brute et du truand », ou contrepied total, sans oublier la garce absolue de Margot, les auteurs inventent des personnages au potentiel comique irrésistible. à ce titre, l’indien Navajo est un pur bonheur. Avec son image de « sauvage », il se révèle être le plus social, le plus civilisé de tous. Vous l’aurez compris : Lupano se joue des codes du genre et nous balade entre les références populaires, les images d’Epinal et les anti-archétypes. C’est bon de se faire chahuter…

De l’audace et de l’ironie

Lupano et Salamone semblent prêts à tout pour nous faire rigoler. Méchanceté gratuite, dialogues cinglants et cyniques, situations abracadabrantes, ces auteurs n’ont pas fini de nous étonner. La plupart du temps, leur audace fait mouche. Ce cocktail savoureux de dialogues ciselés, de comique de situation et de personnages atypiques me fait bien rire.

Dessin

Salamone est doué ! Totalement en phase avec l’humour décapant de Lupano, il met en image cette galerie de « Freaks » avec un plaisir évident. Expressif et élégant, son trait est pointu, efficace et vraiment drôle. Il « croque » chaque sentiment, chaque expression, chaque situation avec précision et humour.
Son dessin humoristique, Salamone l’accompagne d’une belle maîtrise sur les décors et la perspective. Son style précis lui permet de composer des mises en scènes efficaces et réalistes, ou évolue son petit monde. C’est simple : j’ai l’impression de retrouver dans ‘L’homme qui n’aimait pas les armes à feu » les séries qui ont fait mon bonheur de lecteur à la grande époque de Delcourt : « Garulfo », « De cape et de Crocs« , Garulfo…Salamone a l’étoffe de ces héros-là. Bravo !

Pour résumer

Avec ce second tome, Lupano et Salamone passent le cap avec intelligence et humour. Ici, on ne flingue pas, si ce n’est les poncifs. Mélange jouissif d’aventure, de comédie et de personnages « haut en couleur », cette série s’annonce sous les meilleurs augures et les plus beaux éclats de rire.
Ajoutez à cette gamelle de Chili épicé, une réflexion sur le port d’armes à feu, vous obtiendrez une sacré tambouille de comédie d’aventure, avec un petit arrière-gout moralisateur (mais très digeste).