Année bissextile – Peter Cameron
Editions Payot & Rivages (1998)
Traduit de l’anglais par Suzanne V. Mayoux
New York, 1988. Lillian, trente-cinq ans, célibataire, voit avec angoisse l’horloge biologique tourner et envisage l’insémination artificielle pour combler son désir d’enfant. Ses amis David et Loren ont divorcé, ils se partagent la garde alternée de leur fille Kate, âgée de cinq ans. David, rédacteur en chef du magazine d’une ligne d’aviation, est tombé amoureux de Heath, un jeune photographe, dont le travail, jusqu’à présent, n’a pas recueilli le succès qu’il mérite. Loren vit avec Gregory, qui travaille pour la chaîne de télévision ABC et qui se voit proposer un poste de producteur à Los Angeles. Il demande à Loren de l’accompagner sur la côte Ouest mais la jeune femme a du mal à se détacher de son ex-mari et à le priver de leur fille. L’enlèvement de Kate par l’ex-mari d’une amie, suite à un malheureux quiproquo, va bouleverser les évènements et entraîner un véritable cataclysme pour David et Loren.
Quant à Heath, la chance semble enfin lui sourire puisque la galerie Shawangunk bouleverse son programme pour exposer ses photos qui ont séduit Amanda Paine, la directrice. Ce qu’ignore Heath, c’est que le choix d’Amanda est dicté par la rancœur et ne vise qu’à atteindre son amant, Anton Shawangunk, le propriétaire de la galerie, parti en voyage en Europe avec sa femme Solange. Le vernissage tourne à la catastrophe lorsque Heath se retrouve accusé de tentative de meurtre sur la personne de Solange.
C’est un roman qui se lit d’une traite, tant les rebondissements s’enchaînent dans cette histoire qui nous promène de la côte Est à la côte Ouest des Etats-Unis. Les situations sont quelquefois exagérées mais leur caractère loufoque vient contrebalancer les incertitudes existentielles des personnages principaux, quant à leurs choix de vie, qu’il s’agisse de leurs amours, de leur rôle de parents, de leur refus d’être catalogués de façon immuable. C’est aussi une critique féroce du monde de l’art et le personnage d’Amanda cumule toutes les caractéristiques de la méchante de service ! Il est aussi question de vaudou dans ces pages et personne ne viendra mettre en doute l’utilité de la magie noire, quand elle est au service de la justice et de la vérité !
Je ne connaissais pas Peter Cameron, que j’ai découvert dans ce billet d’In Cold Blog, consacré à un autre livre de l’auteur. En attendant qu’il soit disponible à la médiathèque, je me suis rabattue sur celui-ci et j’ai vraiment savouré cette lecture, pleine d’humour et de fantaisie, très distrayante.
Extrait page 179-180 :
Bouche bée face à l’armoire ouverte, Amanda sentit vaguement l’horrible petite domestique s’approcher d’elle par-derrière, mais elle n’était pas en état de bouger, ni de parler, ni de faire autre chose que d’écarquiller les yeux. L’armoire était remplie de chaussures, les plus splendides du monde. Les objets du désir d’Amanda étaient multiples et complexes, mais les chaussures lui inspiraient une convoitise incommensurable. Ah, quelle envie elle éprouvait de toutes les toucher, de toutes les porter, mais, surtout, de toutes les posséder ! Que la vie était injuste ! Peut-être en essayer rien qu’une paire… Ces escarpins de soie moirée – de quelle couleur étaient-ils ? Un bleu lavande iridescent ? Elle se pencha pour les voir de plus près et bascula en avant dans l’obscurité. Elle s’entendit hurler, sentit sa tête heurter l’une des étagères, puis elle s’effondra sous une avalanche de souliers.