Clémentine a quinze ans et est en seconde. Elle sort avec Thomas, un ado séduisant et très amoureux mais au fond, elle sait qu’elle n’a aucune envie de rester avec lui. Depuis le jour où elle a croisé le regard d’Emma, ses certitudes ont vacillé. Emma qu’elle recroisera quelques temps plus tard dans un bar. Emma avec laquelle elle va vivre une histoire d’amour intense, absolue, compliquée, incandescente…
Clémentine est une lycéenne et Emma une jeune adulte. Clémentine se cherche, elle sait que quelque chose cloche, que ce qui la perturbe est à la fois incompréhensible, dangereux et inarrêtable. Son corps connait déjà la vérité mais sa tête a du mal à l’accepter : « Pourquoi je veux toutes ces choses d’elle, pourquoi j’imagine tout ça, c’est horrible. Je n’ai pas le droit, c’est une fille, c’est horrible. » Emma est plus mature, elle est déjà en couple. C’est une militante qui pense que sa sexualité est « un bien social et politique. » Clémentine voit les choses différemment, pour elle c’est « la chose la plus intime qui soit », une « chose » qu’elle préfère garder pour elle. Il faut dire qu’après son propre déni, il lui a fallu affronter les regards, le jugement, le rejet (notamment celui de ses parents). Rien pour elle ne semble relever de l’évidence…
Un album plein de sensibilité et de sensualité qui n’est pas simplement au service de la cause homosexuelle. C’est bien plus fin. La fragilité des personnages est d’une infinie justesse. Julie Maroh a su retranscrire les sentiments à fleur de peau, parfois refoulés, souvent assumés. Le séisme qui frappe clémentine ébranle les convictions qu’elle avait tenté de se construire, celles que la norme en vigueur a voulu lui imposer.
Avant tout et plus que tout, cette histoire est une magnifique histoire d’amour. Alors que les portes d’un bonheur absolu semblent s’ouvrir, les bleus à l’âme ne sont jamais très loin. On rit, on jouit, on pleure, on souffre, et puis… c’est l’histoire d’une vie quoi. Mais c’est beau, qu’est-ce que c’est beau. Tant d’émotion contenue, tant de retenue qui évite de sombrer dans le mélo tire-larmes, c’est impressionnant. Un très grand album !
Merci à Moka de m’avoir plus qu’inciter à découvrir cet album. J’avoue que sans sa (terrible) force de persuasion je me serais fait tirer l’oreille pendant un certain temps encore avant de consentir à me lancer dans cette lecture. Ç’aurait été une belle erreur…
Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. Glénat, 2010. 160 pages. 15,50 euros.
Les avis de Moka, Mo', Alex, Cristie, Noukette, Valérie, Canel, Choco, Yvan, Yaneck, Oliv, Anne.