J’aime que l’on me confie des livres précieux. Par précieux
j’entends des livres que l’on a particulièrement appréciés et que l’on a envie
de partager. Par exemple quand Marilyne qualifie un texte de
« merveille » et qu’elle me l’envoie, je sais d’avance que je vais me
régaler. Pour le coup, ça n’a pas manqué.
Joseph et Ménile se connaissent depuis l’enfance. Quand le premier entre dans la résistance par conviction, le second le suit sans trop réfléchir. Ils multiplient les actions plus ou moins spectaculaires et finissent par être arrêtés. Au moment où leur amitié passe au révélateur des interrogatoires, les choses vacillent : « J’ai donné Joseph. La nuit, quand les soldats sont venus, ils nous ont mis dans ce camion. Joseph et moi, on s’est regardés. On tiendrait l’un pour l’autre. On tiendrait. »
Ce pourrait être l’histoire d’une amitié trahie mais les choses ne sont pas si simples. Disons que l’on y découvre un homme qui renonce, vaincu par la tristesse : « C’est la tristesse, Jeanne, c’est la tristesse qui m’a eu. » C’est une tragédie en cinq actes dont on connait d’avance la funeste conclusion. C’est beau parce que malgré les circonstances, tout cela reste pétri d’humanité. Et puis c’est l’écriture que j’aime. Peu de mots, zéro dialogue, des phrases courtes, des petits paragraphes qui claquent comme autant de micro-chapitres. La suggestion est tellement plus forte que les descriptions les plus précises : « On l’a conduit dans le bureau du colonel. On l’a fait asseoir en face de lui. Joseph n’a rien dit. Après ils l’ont mené dans un réduit, au fond du couloir, et ils lui ont fait mal, longtemps. Lorsqu’il est remonté par l’escalier, la nuit tombait, ses jambes tremblaient. » Tout est dit sans jamais rentrer dans les détails. Une puissance d’évocation tellement plus parlante, tellement plus forte…
Pendant les combats est un magnifique texte. Un premier roman qui, sous son apparente concision, se révèle particulièrement ambitieux. Et surtout particulièrement réussi. Applaudissements, comme dirait Marilyne.
Pendant les combats de Sébastien Ménestrier. Gallimard, 2013. 94 pages. 9,50 euros.
L'avis de Marilyne
Joseph et Ménile se connaissent depuis l’enfance. Quand le premier entre dans la résistance par conviction, le second le suit sans trop réfléchir. Ils multiplient les actions plus ou moins spectaculaires et finissent par être arrêtés. Au moment où leur amitié passe au révélateur des interrogatoires, les choses vacillent : « J’ai donné Joseph. La nuit, quand les soldats sont venus, ils nous ont mis dans ce camion. Joseph et moi, on s’est regardés. On tiendrait l’un pour l’autre. On tiendrait. »
Ce pourrait être l’histoire d’une amitié trahie mais les choses ne sont pas si simples. Disons que l’on y découvre un homme qui renonce, vaincu par la tristesse : « C’est la tristesse, Jeanne, c’est la tristesse qui m’a eu. » C’est une tragédie en cinq actes dont on connait d’avance la funeste conclusion. C’est beau parce que malgré les circonstances, tout cela reste pétri d’humanité. Et puis c’est l’écriture que j’aime. Peu de mots, zéro dialogue, des phrases courtes, des petits paragraphes qui claquent comme autant de micro-chapitres. La suggestion est tellement plus forte que les descriptions les plus précises : « On l’a conduit dans le bureau du colonel. On l’a fait asseoir en face de lui. Joseph n’a rien dit. Après ils l’ont mené dans un réduit, au fond du couloir, et ils lui ont fait mal, longtemps. Lorsqu’il est remonté par l’escalier, la nuit tombait, ses jambes tremblaient. » Tout est dit sans jamais rentrer dans les détails. Une puissance d’évocation tellement plus parlante, tellement plus forte…
Pendant les combats est un magnifique texte. Un premier roman qui, sous son apparente concision, se révèle particulièrement ambitieux. Et surtout particulièrement réussi. Applaudissements, comme dirait Marilyne.
Pendant les combats de Sébastien Ménestrier. Gallimard, 2013. 94 pages. 9,50 euros.
L'avis de Marilyne