10 octobre 2141. 13 ans après la fin de la guerre universelle contre les CIC, un Wormhole menace le soleil…
Scénario et dessin de Denis Bajram, Public conseillé : Adultes, adolescents
Style : Science fiction Paru chez Casterman, le 25 septembre 2013 Share
L’histoire
10 octobre 2141. La Première Guerre Universelle (UW1) a été apocalyptique. L’humanité a failli être anéantie par les CIC, 43 ans auparavant, jour pour jour. Grâce au saut temporel, Kalish a fondé sur une planète lointaine, 300 ans avant la catastrophe, la civilisation de Canaan.
La guerre a été gagnée, mais 13 ans après la victoire, la situation ne fait que se dégrader. Le conseil de Canaan, impuissant, constate la montée des groupuscules hostiles sur Mars, la Lune, et Titan.
Mais c’est surtout le “Wormhole” (une sorte de mini trou noir qui grignote lentement le soleil) qui inquiète. Devant la situation de crise, le président du conseil fait voter une solution radicale (le projet Phoenix) et se dirige vers Mars, accompagné de son fils Vidon, pour diriger les opérations. C’est aussi l’occasion pour lui de tenter de raisonner Théa, sa nièce rebelle qui y fait son service militaire. Au lancement du projet Phoenix, un gigantesque triangle noir se matérialise devant la flotte et commence à se démultiplier…
C’est la guerre !!!
Dense, dramatique, mystique, spectaculaire ! Les adjectifs qui me viennent ne manquent pas pour qualifier ce nouveau cycle (de six tomes) d’un maître de la S.F. en BD, j’ai nommé Denis Bajram.
Entre 1998 et 2006, avec sa série phare (Universal War One) il nous avait conquis en prouvant que la S.F. avait sa place dans le panorama de la Bande Dessinée franco-belge. Il faut avouer que son « Space opéra » sortait du lot. Exigent, intelligent, avec un scénario ciselé dans la dentelle, ce récit de guerre universelle, matinée de fantastique (voyage dans le temps) démontrait une intelligence narrative et un sens du visuel rares.
Mais UW1 n’était en fait que le premier cycle (sur 3) que Bajram, le fou, le visionnaire avait prévu. Après une grosse pause et quelques récréations (l’excellent « 3 Christs », le correct « Abymes T3« ), il continue sa « geste » démesurée. Mélangeant des concepts SF, des personnages travaillés et des contextes géopolitiques et religieux, Denis Bajram cherche son « Dune » à lui !
Relancé en grandes pompes (affiches de recrutement, site web customisé, tirage spécial, rencontres à la Fnac) par son nouvel éditeur (Casterman) Bajram est de retour, (Oh, my Kalish !!).
Un premier tome d’exposition ambitieux et complexe.
Trente ans après les événements relatés dans « Universal War One », Denis Bajram nous invite au premier épisode (sur six) de sa nouvelle « Guerre Universelle » dans un récit indépendant. Le premier cycle (UW1) racontait le conflit entre les Hommes pour la domination du système solaire, le nouveau cycle a pour cadre la domination de la galaxie.
Pendant 6 pages, Denis Bajram commence donc par exposer le contexte historique, de manière un peu statique et presque scolaire. Mais ce cours d’histoire galatico-temporelle ( visuellement superbe) n’en est pas moins indispensable pour en comprendre les enjeux.
Puis, il nous plonge dans la vie de ses nouveaux personnages, aussi variés que complexes : le président du conseil, son fils Vidon et Théa, sa nièce. Personnage emblématique de l’épisode (et de ce nouveau cycle ?), elle s’impose comme le fut « Kalish » sur le premier cycle. Rebelle, elle devient la conscience humaine, l’héroïne involontaire, l’exemple qui nous donne envie de nous identifier.
Parallèlement, Denis Bajram pose son enjeux dramatique : le triangle qui se multiplie menace d’obstruer le soleil et donc toutes les vies humaines. C’est radical et universel !
Plus présent que sur le premier cycle, Denis évoque avec précision la religion de Canaan et sa dictature. Erigée par Kalish et ses pairs, elle devient dans cet épisode un élément clé du pouvoir. Avec les super-guerriers de Canaan qui inspirent une peur quasi-mystique, Denis Bajram fait planer le spectre de la supériorité des uns (les croyants) et le risque de guerre sainte.
Denis, refaits-le, mais différemment
Indéniablement, Denis Bajram joue avec les éléments qui ont fait le succès du premier UW1 : la menace globale et inconnue, les personnages forts et rebelles et les conflits entre choix personnels et universels.
Même avec ces « redites », je ne boude pas mon plaisir. Si j’ignore où Denis va nous conduire, j’ai toute confiance dans son inventivité et son audace. Je suis persuadé que, tout comme UW1, il nous amènera à la fin… Là où je n’aurais jamais imaginé.
Le dessin
Attention, sujet Tabou ! Depuis que j’ai découvert le travail de Bajram sur UW1, mon regard sur le dessin numérique a complètement changé. Ce dessinateur met l’outil informatique au service de son récit. Ses peintures numériques sont de toutes beautés et particulièrement vibrantes ! Sa mise en page variée (il passe des traditionnelles petites cases à de grands espaces immersifs et des compostions éclatés) son dessin réaliste et ses cadrages dynamiques me plongent dans un superbe film épique sur grand écran !
C’est simple, je ne me lasse pas de plonger dans ses cases écrasés de soleil gelées par le vide spatial.
Pour résumer
Oh my Kalish ! Denis Bajram revient avec le deuxième cycle de sa série démesurée : Universal War Two. Si vous n’avez pas encore goutté à la Science fiction en B.D., il faut réparer ce manque immédiatement. Si vous avez déjà lu (et adoré) UW1, ce nouvel épisode n’attend que vous !
Intense, dramatique, universel, Denis reprend les codes qui ont fait son succès et nous plonge dans une nouvelle guerre. Geste mystique, géopolitique et complexe, ce premier épisode de placement nous met dans l’ambiance, présente de nouveaux personnages attachants et expose les enjeux (dramatiques)… Arrrrrg, vivement la suite !
Un tirage limité
Pour prolonger le plaisir, Casterman propose un tirage spécial (dos toilé et carnet de croquis) à 18,95 euros. Vous trouverez dans le carnet un long article sur le processus de création de la série, ainsi que le storyboard de Bajram et les planches d’essais de deux autres dessinateurs. Une version pas indispensable, mais sacrément agréable !