Au XIXème siècle, un marin marchand vendéen, Narcisse Pelletier de son petit nom, échoue sur une plage australienne, abandonné par les siens. Il a 18 ans. Il survit au sein d'une peuplade d'aborigènes et particulièrement grâce à une vieille assez protectrice. Dix-sept ans plus tard, il est repéré par l'équipage du John Bell, un navire anglais : seul blanc parmi les peaux basanées, il continue à se démarquer physiquement sur une plage ! Considéré comme une bête de foire, analysé par les éminents ethnologues métropolitains tous plus arrogants les uns que les autres, Narcisse Pelletier qui a perdu l'usage de la langue française au profit de l'idiome local doit sa survie mentale à un autre protecteur, Octave de Vallombrum, qui analysera sa vie durant, les zones d'ombre de son poulain.
Un premier roman bardé de prix littéraires, Ce qu'il advint du sauvage blanc tient grâce la prouesse littéraire et l'ingéniosité de son auteur. François Garde a joué au procédé de double témoignage : tel un match de tennis de table, les paroles des deux intervenants se succèdent : d'un côté le récit de la vie de Narcisse (avant, pendant et après son existence passée auprès de la tribu), de l'autre la correspondance épistolaire foisonnante d'Octave auprès du Président de la Société de Géographie de Paris, qui finance les voyages et le trajet retour d'Octave accompagné de Narcisse.
Choc linguistique, choc culturel : les deux clans qui s'opposent apparaissent comme le « sauvage » de l'autre. D'un côté une peuplade archaïque mais aux rituels assez sophistiqués et métaphysiques, de l'autre, notre monde dominateur au respect diminué, à la quête scientifique exacerbée.
Basé sur une histoire vraie et au demeurant très bien écrit, Ce qu'il advint du sauvage blanc pêche par les zones d'ombre qu'il laisse planer : l'immense partie du séjour aborigène de Narcisse reste obscure, son futur ne semble guère clair non plus. François Garde a épuisé sa bonne idée initiale, qu'il n'a pas, me semble-t-il, exploitée à fond : peut-être par peur de commettre un impair, par choix (pour laisser le soin au lecteur de faire le boulot à sa place) ou par paresse ?
C'est aussi le talent d'un romancier que d'imaginer ce qui aurait pu être, même si cette fiction s'éloigne de la réalité (qui de toute façon dans ce cas présent demeurera à jamais inconnue). C'est ce qui le distingue aussi du géographe ethnologue, qu'il n'est pas.
Éditions Gallimard
Livre reçu et lu dans le cadre du Salon des littératures européennes de Cognac. Cette œuvre fait partie d'une LC entre flyers !
avis : Kathel, Keisha, Clara, Alex, Ramettes, Constance
et un de plus pour les challenges de Philippe (titre à au moins six mots), d'Anne, d'Asphodèle (Prix Goncourt du premier roman 2012) et de Heide
avis : Kathel, Keisha, Clara, Alex, Ramettes, Constance
et un de plus pour les challenges de Philippe (titre à au moins six mots), d'Anne, d'Asphodèle (Prix Goncourt du premier roman 2012) et de Heide