Plus tard le même jour

Par Sebulon
Plus tard le même jourGrace Paley
Traduit de l’anglais par Claude Richard
Rivage Poche (1990) / Bibliothèque étrangère

Je n’avais jamais entendu parler de Grace Paley jusqu’à ce que je lise le livre de Geneviève Brisac, La marche du cavalier, dans le cadre du challenge Littérama 2013 organisé par Anis.
Bien qu’elle déclare avoir écrit toute sa vie, Grâce Paley a publié seulement trois recueils de nouvelles en quarante ans. Elle est aussi l’auteur de nombreux poèmes.
Pour découvrir son œuvre, j’ai choisi Plus tard le même jour, un recueil qu’elle a publié en 1985. Difficile de résumer ces courtes histoires, d’autant qu’il n’y a pas vraiment d’histoire, justement !
Ces dix-sept textes  donnent la parole à divers interlocuteurs et abordent des thèmes variés comme le féminisme, la vieillesse, la maternité, la non-violence, le combat contre le racisme qui ont constitué les sujets pour lesquels Grace Paley a milité tout au long de sa vie. A plusieurs reprises, le personnage de Faith revient dans ces nouvelles, accompagné ou non de quelques-unes de ses amies, donnant ainsi une certaine unité à ces textes et se faisant sans doute l’interprète de l’auteur.
Dans une interview accordée à Libération, l’auteur nie être Faith, et pourtant, on a du mal à la croire. 
Ce qui est typique dans ce recueil, c’est la façon de retranscrire les dialogues. Aucune des marques habituelles, ce qui est un peu perturbant au début. Mais on s’y fait, et ce procédé apporte une certaine fluidité au texte, le lecteur n’a qu’à se laisser porter par les mots.
Extrait de A l’écoute (page 158) :
A la table voisine de la mienne, un jeune homme se pencha en avant. Il s’adressait à un homme plus âgé. Le jeune homme portait un uniforme de soldat. Je pensai : Quand il s’en ira ou si je m’en vais en premier, je lui donnerai un de mes tracts. Je n’en ai pas envie mais je le ferai quand même. Puis je pensais : Pauvre petit gars, Dieu sait quelles expériences il a vécues ; son cœur, s’il savait, respecterait sans doute les accords de Genève, mais il serait probablement blessé d’entendre dire encore une fois combien les États-Unis sont dans leur tort et qu’il est un innocent instrument du mal. Il le prendrait pour lui, bien que nous qui sommes des mères et avons été des amantes – nous toutes sachions qu’à chaque génération depuis une centaine de générations, un million de jeunes garçons ont été contraints d’être « soldats ».

Une découverte intéressante à compléter par la lecture de l’article de Libération et par un texte de Sylvie Granotier, qui a été sa traductrice.