La splendeur de la vie - Michael Kumpfmüller **

Par Philisine Cave
Rares sont les fois où mon avis diverge à ce point des chroniques enthousiastes sur La splendeur d'une vie sur Libfly. Bon, ben, je vais assumer alors ! Je me suis copieusement ennuyée à la lecture de cette fin de vie romancée de Franz Kafka et pourtant, je reconnais le talent de Michael Kumpfmüller à l'avoir imaginée (les traces épistolaires n'existent plus, confisquées à l'époque par la Gestapo).
Franz (dit Le docteur) souffre de la tuberculose. Pour se soulager de ce mal lancinant, il séjourne à Müritz en compagnie d'une de ses sœurs, Elli, et des enfants de cette dernière, Félix et Gerti. Il a quarante ans, reste fringuant et beau garçon, attire les regards. Pourtant, sur la plage il ne repère qu'elle, la grande brune officiant comme cantinière de la colonie de vacances située en face du logement de Franz. Le hasard fait bien les choses. La proximité des foyers va aider celle des cœurs.
Onze mois décortiqués d'une relation amoureuse qui frise le platonique. Bien sûr, le quotidien est relaté dans sa routine : changement de décors constant (appartements, sanatoriums, Berlin ou Prague), dégradation de la santé de Franz, conditions de vie difficiles (privations, absence de revenus, relations compliquées avec les logeurs, dévaluation du mark - en 1923, l'Allemagne ruinée  doit des sommes colossales aux « vainqueurs » de la Première Guerre mondiale-  et effondrement de l'économie allemande, qui génère la misère humaine et la montée des extrémistes - un enragé antisémite a tenté un putsch militaire : en prison, il aura tout le temps pour peaufiner un programme de destruction massive).    On plonge vite dans cet univers peu gai. Ce qui aurait pu me plaire, m'a laissée totalement indifférente : répétition de scènes identiques du quotidien (l'auteur a évacué l'identité de son héros  par souci d'universalité sans doute, l'intime charnel du couple, la relation particulière qu'avait Kafka avec ses parents en particulier avec son père, présenté comme un trésorier),  l'affection entre les deux héros se résume aux soins apportés par Dora Diamant (la fameuse brune) et à leur cohabitation (l'époque veut la chasteté et la demande officielle du mariage). Je reconnais la difficulté qu'a dû éprouver Michael Kumpfmüller d'envisager sans documents officiels mais je lui reproche l'inconsistance de ses personnages : j'ai mal cerné Dora, Franz et sa famille - les relations familiales se basent sur le soutien financier ou l'appui moral (ce qui n'est déjà pas si mal). Trop d'actions tuent les sentiments et l'émotion qui m'ont manqué à la lecture de La splendeur de la vie. Je suis restée également hermétique au style employé. Zut de chez zut !
Traduction de Bernard Kreiss Éditions Albin Michel
Livre reçu et lu dans le cadre du Salon des littératures européennes de Cognac. Cette œuvre fait partie d'une LC entre flyers !
et un de plus pour le challenge d'Anne