Western dans le plus pur respect de la tradition du genre : un indien tue un blanc et le tsunami se déclenche. Qu’importe que le perdant du duel fut une ordure de bas étage….
Scénario de Jean Dufaux, dessin de Ruben Pellejero. Public conseillé : Adultes, adolescents
Style : Western sentimental Paru chez Dargaud, le 25 Octobre 2013
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L’histoire
Dans un coin reculé du far west, tous les éléments pour une bonne guerre indienne sont en place:
- Une famille très riche et moderniste
- Des affreux très aigris, paranos, racistes et violents
- Des indiens amis des premiers
- Des jolies filles, des trappeurs fous, un bison blanc
- et un raton laveur…
La tension sociale est à son comble, il ne manque qu’une allumette: Un salaud est tué en duel par un indien, Loup de pluie.
Voilà pour le tome 1.
Dans le tome 2, malgré la violence qui se déchaine autour d’eux et contre eux, une histoire d’amour mixte nait dans cette vallée de larmes.
Tous les ingrédients de ce qui fit les riches heures du western sont repris ici.
L’honneur et le respect des engagements des uns, la trahison, la perversité et le cynisme des autres.
La vengeance, les femmes victimes de la brutalité masculine, les meurtres gratuits.
Et puis comme pour aérer le sujet, la légende du bison blanc ajoute une touche de poésie à cet ensemble.
C’est du pur western de la grande époque des films en noir en blanc, des John Ford, Henry Fonda, John wayne, Kirk Douglas…
Une véritable madeleine de Proust.
Duffaux nous a concocté là une histoire qui se ramifie en suivant les routes des différents personnages. Les diverses branches vont cependant se regrouper dans un cul de sac, aux sens figuré et premier! C’est vraiment bien ficelé.
Que pouvait on attendre d’autre de l’auteur de Murena et Djinn ?!
Même si les personnages sont caricaturaux, le genre veut cela, les thèmes sont efficacement traités et avec un certain panache.
On peut appeler cela du lyrisme, dans le cas du western et particulièrement ici, c’est du panache.
Un vrai beau western.
Le dessin
Le dessin de Pellejero est d’une grande subtilité. Il est doux et on l’imagine peinant sur les scènes violentes.
Pourtant elles sont parfaitement maitrisées avec beaucoup de finesse.
Les planches sont superbes comme celles sous la pluie : j’avais l’impression de revivre un de ces merveilleux films.
Les plans horizontaux, panoramiques, se succèdent dans certaines séquences pour renforcer la sensation d’impossibilité de fuir, d’horreur sans échappatoire.
Les couleurs, brun, orange, rouge pour les ciels, vert foncé pour la forêt de nuit rappellent la nature de l’ouest américain, de ces canyons arides.
Peu de bleu, peu de ciels sauf rougis par le soleil couchant.
Des planches de pluie, grises, où on prend froid rien qu’à les observer.
J’avais adoré « Un peu de fumée bleue » et c’est ce dessin si poétique que l’on retrouve dans « Loup de pluie ».
Pour résumer
Le tome 2 de Loup de pluie est au moins aussi prenant que le premier. Un beau western sur le racisme, la folie meurtrière, l’amour, la trahison, les valeurs de respect et d’ouverture avec une pointe de poésie.
L’esprit de tolérance de Charlier et Giraud pour Blueberry avec peut-être plus de profondeur même si je reste un fan inconditionnel du fameux lieutenant.