Mais nous, on t'aime !
Voici un autre album que nous avons ramené de la médiathèque, mercredi dernier. Encore une très belle découverte.C'est d'abord le regard et la posture si triste de ce corbeau qui m'ont attirée, puis le titre "Je veux qu'on m'aime". Une phrase tellement parlante et vraie. Peut-on imaginer une vie sans amour ? Alors je l'ai feuilleté... Et le coup de cœur est arrivé en un rien de temps. Du noir, des couleurs, une expressivité intense, je n'ai pas lu le texte car les images parlaient d'elles-mêmes et je l'ai proposé à Ly Lan. Elle a, sans doute, eu le même ressenti que moi, car elle a acquiescé sans la moindre hésitation !
Nous sommes donc rentrées avec un corbeau bien malheureux dans notre panier, pour le lire aussitôt et découvrir, qu'au final, c'était un petit ingénieux, prêt à usager de joyeux stratagèmes pour arriver à ses fins !
Personne n'aime le corbeau noir, pire, il effraie. À cause de sa couleur, les autres volatiles le prennent pour une "canaille". La mésange, la perruche et le pinson s'éloignent à son arrivée et piaillent dans son dos.
Mais le corbeau entend tout et se met à broyer du noir, jusqu'à ce qu'une idée saugrenue lui vienne en tête. En un battement d'aile son plan est mis à exécution et les pots de peintures rassemblés. Du bleu, du jaune et il devient mésange... ça ne marche pas ; du vert, du rouge et il se sent perruche... non plus ; du gris, du rose et le voilà pinson... raté ! Les autres le fuient toujours.
Son chagrin se transforme en un torrent de larmes qui emporte les couleurs, grosses gouttes arc-en-ciel.
"Monsieur le corbeau ?" l'interpellent doucement les trois petits poltrons qui veulent savoir si les affreux énergumènes bariolés sont partis. Evidemment qu'ils sont partis, nous, nous le savons ;-) Un fois rassurés, les trois oiseaux, fêtent dignement leur nouveau héros qui, grâce à son bec proéminent et à son plumage noir, les a sauvés. Mais est-ce vraiment la vérité ? Et surtout, ses nouveaux amis ont-ils besoin de le savoir ? Rien n'est moins sûr !
Un très joli livre qui permet d'aborder, en douceur et avec humour, les thèmes de la différence, de l'ignorance et de l'intolérance. De prime abord, il nous a fait penser à l'excellent ouvrage d'Orianne Lallemand et Eléonore Thuillier "Le loup qui voulait changer de couleur" (que j'évoquais samedi dans mon billet sur l'Objet de la semaine). Car le concept de l'animal, avec une connotation négative bien encrée dans l'imaginaire des enfants, de couleur noire, qui essaie, tant bien que mal, de changer d'apparence, est le même.
La grande différence réside dans la thématique principale. Le loup ne s'accepte pas lui-même tel qu'il est, alors qu'ici ce sont les autres qui n'acceptent pas la différence du corbeau. Un ouvrage complémentaire en somme, que nous sommes ravies d'avoir lu.
Et justement en parlant de lecture, je tiens à souligner que même si le texte est intéressant et donne une dimension supplémentaire à cet album, les illustrations sont tellement éloquentes qu'elles peuvent largement suffirent à la compréhension de l'histoire.
J'ai ainsi découvert le travail de Leo Timmers et j'avoue apprécier énormément son style !
Je veux qu'on m'aime
Texte et illustrations de Leo Timmers
Traduit par Etienne Schelstraete
Publié en 2009 par les éditions Milan jeunesse
Âge : A partir de 4 ans