L’Onde Septimus, chroniquée en « Battle » à 4 mains, c’est ici et maintenant !
Scénario de Jean Dufaux, dessin de Antoine Aubin & Schréder Etienne
Public conseillé : Tout public
Style : polar fantastique
Paru chez Dargaud, le 6 décembre 2013
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L’histoire
Dans un vieil entrepôt désaffecté de Southwark, quatre personnes peu recommandables lèvent leurs verres au retour de Septimus. Mais pour avancer dans leur grande oeuvre commune, Mac Farlane, la riche veuve Lady Rowana, le banquier Balley et le professeur Evangly ont besoin d’un cobaye, comme le fut le colonel Olrik à l’époque de la « Marque Jaune ».
East-End, près des eaux sombres de la Tamise, le dangereux colonel se terre dans une fumerie d’opium. Tourmenté par la vision de Septimus lui imposant sa volonté, c’est un homme aux abois, qui ne trouve le repos que dans la drogue. Tandis qu’un mystérieux personnage arrive sur Londres pour s’occuper de son cas, le capitaine Francis Blake est averti d’un fait étrange. Pour la seconde fois, un forcené à l’esprit dérangé, traîne près des hangars occupés par le major Blanks et ses équipes lors de la dernière guerre…
Le style
POUR ! par JViel
Avec la suite de la plus célèbre des aventures de Blake et Mortimer (« La Marque Jaune »)
Jean Dufaux plonge avec délice dans un scénario, façon « Jacobs » (le créateur de la série). Sans chercher à moderniser le style (comme on a pu le lire dans « La malédiction des trente deniers » , ou « Le serment des cinq lords ») Jean Dufaux en accepte tous les « travers » et nous offre un épisode totalement référencé.
Fan des premiers « Bake et Mortimer », je me suis délecté d’en retrouver toutes les figures de styles avec une constance qui tourne à l’obsession.
Comme Jacobs en son temps, Jean Dufaux rajoute à son récit de longues descriptions un peu « ampoulées ». J’ai vu dans ces redites (assez lourdes)
un hommage assumé au style vieillot de la série d’origine, sans oublier de percevoir l’ironie d’un tel traitement de nos jours.
Dans son récit, bourré de « Science-fiction » (comme l’appréciait Jacobs), l’onde « Méga » devient l’onde « Septimus » et fait encore plus de dégâts. L’origine extraterrestre et les explications pseudo-scientifiques ne trompent personne, mais qu’importe !
Cela autorise tous les délires et les fantaisies...
Ajoutez une référence à l’Opéra et de l’action en souterrains (symbole de l’enfer, par lequel il faut passer pour renaître) et vous obtiendrez un condensé de « Jacobs »,
hyper classique et efficace. Bonne pioche, Mr Dufaux !
CONTRE ! par Daniel
Jean Dufaux aux manettes, je m’attendais à du lourd, à du brutal comme dirait le regretté Lino!
Eh bin non, rien du tout! Mr Dufaux nous sert ici
un exercice de style, certes parfaitement réussi dans son genre, mais pas du Dufaux. Quand même, jean Dufaux, je le rappelle pour les sous-moins-que-rien et les incultes, est l’auteur de
Murena, Djinn, Rapaces, Dixie roads, Vénus H, Loup de pluie, pour ne citer que quelques uns des albums de premier plan que tout un chacun , même les sous-moins-que-riens, se devraient d’avoir dans leur bibliothèque. On assiste donc à une réplique parfaite du style « Jacobs ». Pour cela c’est indéniablement réussi.
La part de Science fiction est tout à fait dans la ligne « Jacobsienne ». les rebondissements, les personnages récurrents, les descriptions dans les carré-phylactères, tout vous dis-je, a été respecté.
les derniers albums de la série,
même proches de la ligne du parti, avaient apporté une touche plus polar, un peu moins S.F.
Les personnages
CONTRE ! par Daniel
Là est sans doute l’apport de jean Dufaux.
la sensibilité de Mortimer crève les cases- n’en fait-on pas un peu trop dans le genre amoureux transi ? Nouveau aussi,
La pointe de réalisme adulte: Un Mortimer pas insensible aux charmes de la croqueuse de veufs-lady Rowana- et un capitaine Blake réellement inquiet pour son ami Mortimer (est ce un couple?) Que dire de ce personnage de Septimus qui tient le premier rôle ? En fait, je suis assez partagé sur ces apports.
Le plus incroyable est
cet Olrik drogué, affaibli, soumis, presque attendrissant. Est ce une volonté de Jean Dufaux de nous faire réfléchir sur nos jugements définitifs même à l’égard de
cet abject Olrik ?
Le côté caricatural de certains personnages et les fragilités d’autres leur donnent certes de l’ étoffe, mais embarrassent la fluidité du récit. Si Dufaux a voulu faire de
l’anti-Tintin, c’est gagné. Par contre
l’équilibre délicat de la ligne Jacobsienne est ici un peu mise à mal, à mon avis.
POUR ! par JViel
“L’onde Septimus” présente une belle galerie de portrait. Si la plupart des personnages sont stéréotypés (le méchant Septimus, les deux héros, les profiteurs financiers, les pauvres militaires sacrifiés),
Olrik échappe aux principes de Jacobs. Victime du professeur Septimus, j’en viendrais presque à plaindre le pauvre colonel, pris pour un “Guineae Pig”, un “rat de laboratoire”…
D’ailleurs, Mortimer, qui tient un beau rôle dans cet épisode sauve Olrick et développe pour lui une véritable empathie. Et c’est bien la seule “déviation” que se permet Jean Dufaux.
Quant au
Professeur Septimus, c’est lui la nouvelle Star ! Dupliqués à l’infini, en armée de clones, on assiste à des scènes surréalistes et ironiques. Magrite et son esprit décalé ne sont pas loin…
Le dessin
POUR ! par JViel
“L’Onde Septimus” est signée par 2 dessinateurs. Antoine Aubin (co-dessinateur du second épisode de “La malédiction des trente deniers”) et Etienne Schréder, petit nouveau dans l’univers de « Blake et Mortimer ».
Respectant la ligne du parti “Jacobsien” définie par Dufaux, Schréder et Aubin se la jouent “classique”. Leur dessin à quatre mains s’éloignent des tentatives de modernisation d’André Juillard ou Ted Benoit pour être au plus prêt du trait d’origine.
Perspective forcée et souvent centrale, expressions un peu rigides, poses théâtrales et décors de carton-pate, ils assurent le spectacle avec des personnages tout droit sortis de “l’opéra de papier” de Jacobs. Extrémement respectueux de la création originale, le style graphique est un peu suranné, mais j’y ai retrouvé le même bonheur de lecture que dans un dans un Damn’ Old “Blake & Mortimer”. On sait où on est, et on y est bien !!!!
CONTRE ! par Daniel
Du Jacobs vous dis-je! Messieurs Schréder et Aubin, ont fait ici du bel ouvrage. Dans le cadre de l’exercice de style évoqué plus haut on assiste
à une indéniable maîtrise.
Les couleurs sont Jacobsiennes, les enchainements des cases sont Jacobsiens, pas ou peu de plan élargis, pas de planches pleine page, pas d’effet de zoom. Rien de ce qui s’est fait depuis les années Jacobs n’a été utilisé. Du Jacobs vous dis-je! Du bon Jacobs mais rien que cela.
Bon je vais quand même avouer que l’hypnose d’Olrik est un véritable moment de BD avec un rendu quasiment design. C’est un hommage au gaufrier avec une vraie modernité : pour le coup bravo !
Pour résumer
CONTRE ! par Daniel
!
C’est du Jacobs par le dessin, la S.F, les rebondissements, les personnages, les cases.
J’aime bien Jacobs mais à la différence de certains, je trouve les anciennes BD un peu « datées ». J’avais adoré les reprises précédentes et je trouvais justement que cet apport plus personnel dans l’œuvre du maître était aussi lui faire hommage en donnant une nouvelle vie à son histoire. Refaire la même chose c’est augmenter le risque d’être comparé. Les talents des 2 dessinateurs Schréder et Aubin et celui de Dufaux méritaient plus de considération.
POUR ! par JViel
Jacobs est de retour !!!! Ah, non, c’est Jean Dufaux qui s’amuse…
Et bien pourquoi pas ? Si vous aimez les bons “Blake et Mortimer” des années 50/60, vous allez être servis ! Avec tout les ingrédients de l’époque, vous aurez de quoi tenir une bonne heure de lecture, tout en références et en ironie. Surtout n’oubliez pas de vous caler dans un Chesterfield, la pipe au coin des lèvres et le verre de Whisky à la main.!