La promenade au phare

Par Sebulon
La promenade au phare - Virginia Woolf
Le livre de poche Biblio
Traduit de l'anglais par M. Lanoire
La famille Ramsay passe ses vacances d’été sur une île des Hébrides, dans une grand maison, où sont rassemblés les parents, leurs huit enfants ainsi que quelques invités, habitués des lieux. Parmi eux, figure Lily Briscoe, une artiste peintre,  que l’on ne peut déjà plus qualifier de jeune femme. Une question  agite tous les esprits, ce jour-là : Fera-t-il suffisamment beau le lendemain pour que tous effectuent la promenade au phare qui a été promise à James, l’un des garçons de la maison ? Mrs Ramsay, Lily et les enfants l’espèrent de tout  cœur mais Mr Ramsay, rabat-joie, a déjà pronostiqué le mauvais temps et c’est à lui que la météo donnera raison.
A cause de la première guerre mondiale et de deuils successifs dans la famille, les Ramsay déserteront l’île de Skye pendant longtemps, laissant la maison à l’abandon. Ce n’est que dix ans plus tard que certains d’entre eux, dont Mr Ramsay, quelques enfants et Lily Briscoe séjourneront brièvement sur l’île et feront enfin cette fameuse promenade au phare, enfin accessible au terme d’une sorte de pèlerinage en hommage à leurs rêves d’antan.

C’est un livre de moins de 300 pages, et pourtant très dense, bien qu’il y ait peu d’action. Le lecteur accompagne les pensées et les réflexions de plusieurs des personnages, en particulier Mrs Ramsay et Lily Briscoe dans la première partie. La figure maternelle est très émouvante, pleine de tendresse et d’attention pour ses enfants et ses invités, symbole du sacrifice et de la soumission attendus des mères de l’époque. Le père, tyrannique et autoritaire, inspire la crainte et souffre lui-même de la distance qu’il a établi avec ses enfants.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Lily, en proie aux difficultés de l’artiste face à sa toile. Sans doute, Virginia Woolf a-t-elle voulu y exprimer d’une façon détournée ses propres blocages face à la page blanche. Il semble que c’est dans ce livre qu’elle a placé le plus d’éléments biographiques. Ainsi, ces vacances dans l’île de Skye évoquent-elles sans doute celles que passait la famille Stephen à St-Ives.
En douceur, ce livre porte aussi des accents féministes, grâce aux réflexions de Lily sur la position de Mrs Ramsay dans le foyer et sur son propre comportement face à sa condition d'artiste. Mais tout est dit en finesse, sans revendication ni plainte, conférant à l’ensemble une grande mélancolie qui tempère la force des mots.
Consultez l'avis de Pascale qui propose plusieurs extraits à la fin de son billet.
J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge Virginia Woolf 2013 organisé par Lou et du challenge Destination Pal proposé par Lili. .