Invasion - Fernando Marias

Invasion - Fernando Marias Août 2003. Pablo, médecin militaire espagnol, est envoyé en Irak lorsque son pays s’engage officiellement dans le conflit. Au retour d’une intervention auprès de civils touchés par un attentat, son ambulance est prise dans une embuscade. Se réfugiant avec son ami infirmier Paco dans une ferme isolée et apparemment vide, les deux hommes, terrorisés, vont devoir faire face au cours de la nuit à l’arrivée des propriétaires des lieux. Pris de panique, Pablo tue un adolescent et un adulte. Lui-même grièvement blessé, il doit son salut aux soins que lui prodigue Paco. Rapatrié en Espagne auprès de sa famille, Pablo ne parvient pas à surmonter le traumatisme et il se persuade peu à peu que les fantômes des morts qu’il a laissés en Irak l’ont suivi jusque chez lui. Délire ou effroyable réalité ?
Je dois cette lecture à Athalie qui, avec l’humour et la finesse qui la caractérise, a créé un comité de soutien à Fernando Marias et m’a par la même convaincu de découvrir cet auteur dont je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler.
Invasion est un texte inclassable. C’est une réflexion profonde sur la guerre, la responsabilité, les traumatismes intimes qui découlent d’un conflit armé ou encore la manipulation de masse que n’hésitent pas à mener les gouvernements (ici, de retour dans leur pays, Paco et Pablo sont présentés en héros ayant tué des insurgés alors qu’en fait ils ont massacré des innocents chez qui ils étaient entrés de force). Mais c’est aussi un roman à la lisière du fantastique et du thriller, une plongée dans l’esprit torturé d’un homme qui va peu à peu basculer dans la folie et perdre le contrôle.
Je dois l’avouer, j’ai eu de gros soucis avec le dernier chapitre tout en tension et digne d’un thriller. C’est l’apothéose du récit et une certaine forme de nécessaire catharsis pour « solder » définitivement les comptes, mais la violence mise en scène de la sorte, c’est plus fort que moi, je ne peux pas. Pour autant le roman reste  excellent et aborde avec intelligence la question de la culpabilité et des ravages personnels que peut engendrer une guerre. Sombre et dérangeant.
Invasion de Fernando Marias. Éditions Cénomane, 2013. 205 pages. 20 euros.
« Si tu tues un homme, il devient l’être le plus important de ta vie passée, présente et future. […] Pour que la culpabilité puisse laisser un peu de répit, il faut payer pour la mort que tu as provoquée. Mais comment ? Existait-il, existe-t-il une forme de rachat ? »
L'avis de Sandrine ; L'avis d'Athalie