... tout aussi beau que les "Petits contes zen"
En octobre dernier, je vous parlais de mon coup de cœur fortuit pour l'album "Petits contes zen" de Jon J Muth. Peu de temps après, c'est avec étonnement que j'ai reçu un mail fort sympathique des éditons Circonflexe me proposant de me faire parvenir le second volume "Nouveaux contes zen". Autant vous dire que j'étais enchantée.Et enchantée, je suis restée, à la lecture de cet album tout aussi beau que le précédent. Je me demandais si j'allais y retrouver la même construction de récit, à savoir une trame principale entrecoupée de trois petits contes asiatiques illustrés à la plume noire. Pas du tout. L'intelligence de l'auteur est d'avoir composé un nouvel album avec les mêmes personnages mais en usant, parcimonieusement, d'un style littéraire tout à fait différent, celui des haïkus.
Nous retrouvons le sage panda Eau-Paisible à la gare, venu accueillir son neveu Célestin. Après avoir pris le thé dans un parc, Eau-Paisible, qui n'aime pas gâcher, suggère à son neveu de conserver son gobelet afin de s'en resservir tout au long de son séjour. Une plaisanterie que Célestin prendra très au sérieux.
A ce moment, les amis d'Eau-Paisible, une fratrie de trois enfants que nous avons rencontrés dans le premier volume, Martin, Anna et Charles, arrivent pour jouer et font connaissance avec Célestin. Mais l'aîné, Martin, est inquiet à l'idée d'échouer à son concours d'orthographe. Il demande conseil à Eau-Paisible. Ce dernier, au lieu de lui donner son avis éclairé par l'intermédiaire d'un conte, comme on aurait pu s'y attendre, demande aux trois enfants de l'accompagner chez leur voisine, Mme Harriety.
Cette vielle dame, qui leur fait peur en leur criant dessus quand ils passent dans la rue, se révèle être une amie d'Eau-Paisible. Et comme elle est malade, avant de lui rendre visite, tous vont lui mijoter une bonne soupe. Un peu bougonne à leur arrivée, Mme Harriety, va vite apprécier les enfants. Et inversement, cette petite dame frêle et fragile est beaucoup moins effrayante de près. Chacun y met du sien pour aider la vieille femme alitée. Entre repas, ménage, jolis dessins, Mme Harriety est plus que choyée.
Le lendemain matin, arrivé tôt sur les conseils d'Eau-Paisible, Martin fera une jolie découverte chez sa voisine qui lui permettra d'affronter son concours d'orthographe tant redouté.
Quant-à Célestin, le moment est venu pour lui de dire adieu à ses nouveaux amis.
"L'été s'éloigne
Le visage de mes nouveaux amis
éclaire le chemin du retour." Je ne vous l'avais pas précisé, même si Célestin s'exprime rarement, quand il le fait, c'est par le biais de jolis Haïkus frais et plein de bon sens.
Mais, au fait, qu'est-t-il arrivé à la tasse qu'il s'était engagé à conserver ? Peut-il s'en séparer à l'heure de son départ ? Il s'avère que Célestin fera preuve d'autant de sagesse que son oncle !
Voici un récit tout à fait original puisqu'il combine habilement deux histoires au sens moral développé. L'ensemble est d'ailleurs parfaitement expliqué en dernière page. Dans une longue note, l'auteur dévoile son amour pour les jeux de mots et les Haïkus et fait référence aux personnes qui ont influencé sa vie et cet album.
Nous trouvons donc en trame principale l'histoire des trois enfants et de leur voisine qui développe le thème de la connaissance de l'autre. Avant de juger hâtivement une personne qui peut se montrer effrayante ou différente, il faut apprendre à la connaître. Une belle rencontre ou amitié peut en découler.
Plus discrète, bien que démarrant le récit, la seconde histoire du neveu célestin et de son gobelet, qui deviendra le symbole de cet été passé chez son oncle, nous initie à l'art des Haïkus.
Je vous propose la définition qu'en fait Jon J Muth :
"En Occident, les haïkus sont de petits poèmes de trois vers, comportant généralement cinq puis sept puis cinq syllabes. Ils représentent une tentative de créer une analogie avec la langue japonaise. Quand j'écris des haïkus, je m'efforce de dire ce que je veux dire avec le moins de mots possible. Je ne parviens pas toujours à la faire en dix-sept syllabes."
Quant-aux illustrations, toutes en aquarelles extrêmement détaillées, elles sont sublimes, expressives et empreintes d'une grande sagesse ! Mention spéciale pour la couverture particulièrement ingénieuse et amusante sur laquelle Eau-Paisible et Célestin sont présentés de dos, mais se retrouvent de face sur la quatrième de couverture.
Un album coup de cœur, autant que l'était "Petits contes zen". Merci aux éditions Circonflexe de m'avoir donné l'opportunité de continuer à méditer sur la vie en compagnie d'Eau-Paisible.
Nouveaux contes zen
Texte et illustrations de Jon J Muth
Traduction de l'américain par Catherine Bonhomme
Publié en 2008 par les éditions Circonflexe
Âge : 6-12 ans