Un polar financier crédible et documenté, dans la veine du film Margin Call.
Scénario de Tristan Roulot et Philippe Sabbah, dessin de Patrick Henaff, couleurs de Roberto Burgazzoli
Public conseillé : Adultes, adolescents
Style : Polar historique Paru chez Le Lombard, le 17 janvier 2014
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L’histoire
Franck Carvale, petit employé d’assurance sans envergure, arrivé depuis peu à Hong-Kong, la Mecque du capitalisme. A défaut de faire fortune, il a bien du mal à boucler les fins de mois et à faire signer ses clients. S’il ne concrétise pas quelques contrats sous peu, son employeur le mettra certainement à la porte et lui demandera de rembourser ses avances sur salaire. Malgré le travail et le temps passé, ce n’est que dans les soirées entre potes qu’il trouve un peu de réconfort. Et encore, il faut dire que pour un jeune gars désargenté comme lui les magnifiques hôtesses de « Cathay Pacific » semblent intouchables…
Lorsque Franck rend visite à un énième ‘prospect’ donné par son patron, le rendez-vous prend une tournure inédite. Mr Bilkaer, un retraité, dispose d’un capital de trois cents millions de dollars et lui affirme que sa façon de faire est vouée à l’échec. Devant le refus de lui confier sa fortune, Franck s’effondre et s’apprête à tout laisser tomber.
Le lendemain, contre toute attente, Bilkaer le rappelle et lui donne rendez-vous dans un cercle de jeu pour tester sa capacité de joueur…
Ce que j’en pense
Avec “Hedge Fund”, le duo d’auteurs qui avait déjà réalisé « Le testament du Capitaine Crown » (Patrick Hénaff au dessin, Tristan Roulot au scénario) s’est adjoint un co-scénariste de premier ordre. Philippe Sabbah, qui exerce son activité professionnelle dans les milieux bancaires, apporte une vraie crédibilité au décorum de ce polar financier. Pas de fausses pistes, ou d’approximations de scénario. Toutes les informations techniques et l’intrigue qui s’appuie dessus sont potentiellement possibles.
Mais « Hedge Fund » ne se résume pas à un ouvrage de vulgarisation sur la bourse (même si au passage, l’exercice est réussi). C’est avant tout un polar précis, froid, réglé comme une horloge suisse, qui ne m’a pas laissé le temps de souffler.
Avec ce premier tome (sur trois à paraître) Hénaff, Roulot et Sabbah nous offrent un récit centré sur leur personnage principal, Franck Carvale, le parfait antihéros.
Après une petite phase d’exposition très personnelle, la situation évolue pour ce « looser magnifique », et on se retrouve très vite dans un récit d’initiation.
Nouveau Job (de rêve), nouveaux codes (le luxe) et la vie qui va avec, c’est le moment de s’amuser pour le « nouveau Franck ».
La réussite fulgurante et inattendue du « héros » le rend touchant et accessible et m’a permis de développer une réelle empathie pour ce personnage.
Bien entendu, tout n’est pas si idyllique que ça pour Franck et bientôt les choses vont se corser.
Quand il devient gérant d’un « Hedge Fund » d’un Milliard de dollars, la tension monte d’un cran jusqu’à un final aux rebondissements en cascade.
Pour le dire simplement, « Hedge Fund » est une belle surprise qui m’a réellement captivé en suivant la vie chaotique de Franck. Ce qui est loin d’être évident dans ce monde clinique et déshumanisé des Traders.
Le dessin
Patrick Henaff se met totalement au service du récit. Son dessin très classique se fond dans l’univers clinique et aseptisé des Traders. Variant avec bonheur le découpage, il nous offre des planches très lisibles. Si les décors (un peu froids) sont tracés à la règle, les personnages sont traités avec suffisamment d’expressivité. L’ensemble est bien équilibré et permet d’augmenter l’empathie envers Franck.
Pour résumer
Avec une intrigue froide et tendue dans l’ambiance de “Wall Street” ou de “Margin Call”, le premier tome de “Hedge Fund”” est une belle réussite. Technique, sans être austère, Hénaff, Roulot et Sabbah réussissent le pari d’installer un univers, des personnages et une première intrigue qui se tient. Le récit est servi par le dessin classique en osmose avec le scénario. Bon boulot, j’achète !!!!