Metropolis (T1)

Dans une Europe uchronique, dans les années 1930, Gabriel mène une enquête qui le conduira au plus profond de son âme.

Scénario de Serge Lehman, dessin de Stéphane De Caneva, couleurs de Dimitris Martinos

Public conseillé : Adulte, adolescent,

Style : Polar fantastique Paru chez Delcourt, le 8 Janvier 2014


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Contexte uchronique

Commençons par un peu de sémantique. Comme vous le savez tous, bien évidemment, une uchronie est une réécriture de l’histoire.
L’auteur situe cette histoire en 1935 dans une Europe ou la première guerre mondiale n’a pas eu lieu.L’action se déroule à Métropolis, capitale de l’interland franco-allemand.

L’histoire

13 mai 1935, à la terrasse d’un café, l’inspecteur Gabriel Faune tente de lutter contre le mal qui le ronge insidieusement depuis deux semaines. Métropolis change chaque jours devant ses yeux ; des statues qui changent d’apparence, des bâtiments qui disparaissent… Seul problème, et de taille, il est le seul à remarquer ces changements. Suivant les conseils du docteur F, il consigne tous ces souvenirs dans un carnet. Et si ces maux avaient un lien avec les événements survenus un an plus tôt ?
13 mai 1934, l’attentat de la tour de la réconciliation a fait de nombreux morts. De plus, dans les décombres de l’explosion, les policiers découvrent les corps de trois femmes mutilées. L’inspecteur Faune est chargé de percer le mystère de ce triple meurtre avec le commissaire Lohmann.
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L’ambiance

Une dimension psychologique très forte enveloppe le récit d’une atmosphère fantasmagorique.
La psychologie très présente des personnages, est renforcée par la présence du docteur Freud « him self » comme protagoniste de l’histoire.
Enfin, la relation ambigüe et fusionnelle qu’entretient Gabriel avec sa ville crée un voile mystérieux très prenant en personnifiant Métropolis.
Bref, une ambiance sombre, oppressante, envoutante et tortueuse qui nous prend aux tripes dès les premières planches.

La narration

Si j’enseignais l’art du scénario, « Métropolis » serait un très bon exemple pour mes élèves. La tension dramatique, les personnages et l’intrigue nous tiennent en haleine du début à la fin. Les « changements » de Métropolis, uniquement perçus par Gabriel, créent dès le départ une tension dramatique très forte. Cette tension sera accentuée par les origines mystérieuses de Gabriel et sa relation fusionnelle et ambigüe avec la ville.
Les personnages sont très charismatiques avec une importante dimension psychologique et de forts obstacles intérieurs à surmonter.
L’intrigue est elle aussi à la hauteur. Gabriel ne mène pas une seule enquête mais bien deux.
L’enquête sur les corps mutilés avec l’inquiétant commissaire Lohmann et l’enquête « intérieure » que Gabriel doit mener dans les tréfonds de son âme avec l’aide du docteur Freud.

Le dessin

Le style et l’influence « comics » du dessin collent parfaitement à l’intrigue. Le dessinateur retranscrit efficacement le coté baroque de Métropolis et l’ambiance « Belle Epoque ». Enfin, un choix sobre et judicieux des couleurs permet de retranscrire l’ambiance sombre, oppressante, envoutante et tortueuse du scénario. Bref, une réussite graphique et visuelle.

Les auteurs

Influencé par la science fiction et Jules Vernes, Serge Lehman publie son premier roman de science fiction en 1990. Il passe ensuite au cinéma en adaptant la trilogie Nikopol d’Enki Bilal pour le film « Immortel ad vitam » en 2004. Il passe à la bd en 2009 avec « la brigade chimérique » dans un univers de super héros. Le succès critique et public le poussera à continuer dans cette voie avec « Masqué » en 2011 puis « Métropolis ».
Stéphane de Canéva, ingénieur de formation, se lance dans le dessin de manière autodidacte.
Il collabore en 2008 à un album jeunesse (Horus) puis au jeu de rôle « Hellywood » en 2009. Il travaille ensuite sur des comics pour des éditeurs américains indépendants. David Chauvel repère son travail sur internet et lui propose de travailler sur la deuxième saison de la série concept « 7″ chez Delcourt.

Pour résumer

Une grosse claque !
Un scénario parfaitement exécuté. Une intrigue haletante, des personnages mystérieux et une ambiance fantasmagorique et tortueuse rendent cet album passionnant.
Le parti pris de l’uchronie est transcendé par le mélange de personnages de fiction et de personnalités historiques comme le docteur freud.
Un dessin à la hauteur du scénario.
Enfin, l’auteur met en avant un phénomène qui ressurgit régulièrement dans l’histoire contemporaine ; les périodes sombres sont toujours favorables à la montée des nationalismes.
Bref, la meilleure bd que j’ai lu depuis longtemps.

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