Qui ne connaît pas le Joker, ou plutôt un Joker ? Le plus grand ennemi de Batman a été tour à tour baron du crime, simple farceur à l’époque de la censure dans les comics, psychopathe sadique, symbole du chaos ou encore un humain plus avancé avec une « superpersonnalité » changeante… Oui, le Joker est difficile à définir. Pour vous aider à le comprendre, lisez mon nouveau guide de lecture de comics : le Joker !
Le Joker dans les comics
Joker Anthologie
Le 21 mars prochain sortira une anthologie du Joker chez Urban Comics ! Excellente initiative de l’éditeur comme toujours, mais comme toute anthologie, elle ne servira qu’à réunir des histoires courtes. Et les meilleurs scénarios du Joker sont les plus élaborés… Les meilleurs histoires ne se trouvent pas dans ce recueil, mais on y retrouve plusieurs apparitions du Joker qui ne sont plus trouvables en France. La première apparition du Joker par exemple, dans Batman contre le Joker (Batman #1, 1940), culte ! Mais aussi Le poisson qui rit (Detective Comics #475, 1978), une histoire drôle qui souligne le côté absurde du personnage. L’Homme qui rit (Batman : The Man who laughs, 2005) par contre met en lumière le Joker sadique, assoiffé de sang. Situé juste après Batman : Year One, ce récit réussit en peu de pages à installer le Joker comme pire de tous les ennemis passés ou futurs du chevalier noir. Mais pour vraiment connaître le plus effrayant des clowns, c’est par les comics plus longs qu’il faudra passer !
Batman : The Dark Knight Returns par Frank Miller
J’en avais déjà parlé dans mon guide de comics de Batman, The Dark Knight Returns est une excellente histoire de Batman qu’on retrouve vieillissant, à la retraite et quasiment fasciste. Son grand ennemi a droit à une apparition qui si elle n’est pas la plus longue, marque très certainement les esprits ! Et puis, il y a toujours une bonne raison de (re)lire cette histoire.
The Killing Joke par Alan Moore & Brian Bolland (1988)
The Killing Joke est classé dans la catégorie des comics de Batman, mais pourrait tout aussi bien en créer une nouvelle tant le personnage du Joker est prédominant. Et il atteint des sommets dans cette histoire ! Encore une fois échappé de l’asile d’Arkham, il a un nouveau but : prouver que pour devenir fou, il n’y a besoin « que d’une mauvaise journée ». Pour prouver sa théorie, il décide de faire basculer le commissaire Gordon dans la folie en lui faisant passer la pire des journées possible… Sadisme et psychose sont au rendez-vous, j’ai ai d’ailleurs trouvé certaines pages difficiles à lire tellement on est happé dans l’histoire. On souffre avec les personnages, on ne peut se sentir rassuré face à la perversion dont fait preuve le Joker… Je trouve que c’est une des histoires qui dépeint le mieux le côté malsain que peut avoir la relation entre Batman et Joker, les deux ennemis que tout oppose mais qui ne peuvent s’empêcher de se retrouver. Grant Morrison, grand scénariste et passionné de Batman avant tout, a d’ailleurs une théorie intéressante sur la fin de cette histoire, cliquez sur la balise spoiler pour la connaître mais ne lisez ce qui suit que si vous avez terminé votre lecture !!
Spoiler !Grant Morrison, a expliqué dans une interview qu’il a toujours vu la fin de Killing Joke comme le moment où le Joker gagne, où il réussit à faire craquer Batman qui finit par le tuer. En effet, on voit les deux personnages qui rient alors que Batman tient Joker par le cou, puis la case suivante représente uniquement les pieds des personnages : les pieds du Joker sont inertes, et la flaque d’eau où la lumière rouge du cirque se reflète fait penser à du sang. Les avis sont partagés sur cette image subliminale ou non, mais je dois avouer que cette théorie fait plutôt sens pour moi…
Urban ComicsUn Deuil dans la Famille par Alan Moore & Brian Bolland (1988)
Oui, Alan Moore a réussi à écrire deux histoires majeures à propos du Joker la même année ! Le titre, la couverture et le résumé vous livrant la fin du récit, ce n’est pas un spoiler de vous dire que c’est dans ce tome que Jason Todd, le deuxième Robin à seconder Batman, trouve la mort des mains du Joker. Ces deux histoires ont défini les relations entre le clown et le chevalier noir pendant une bonne quinzaine d’années, sans être les meilleures elles représente de la meilleure des manières le Joker et sont très importantes pour l’évolution des personnages. 1988 est vraiment l’année du Joker car il fait encore une fois preuve d’une cruauté qui dépasse notre imagination, et prouve une bonne fois pour toutes que personne ne le dépasse comme méchant ! (C’est aussi l’année de ma naissance. Coïncidence ? Je ne pense pas.) Urban Comics a réédité Un deuil dans la famille en 2013, avec en bonus A Lonely Place of Dying, Les Morts et les Vivants qui met en scène l’arrivée de Tim Drake, le troisième Robin… Perdu avec tous ces personnages ? Pas de panique, j’ai créé un guide pour connaître tous les Robin !
Arkham Asylum Par Grant Morrison & Dave McKean (1989)
Ce Batman-là ne ressemble à aucun autre ! Paru en 1989, il arrive après la vague des représentations réalistes et sombres qui a dominé les comics des années 80. Grant Morrison, le scénariste, garde le côté sombre mais met opte pour une ambiance onirique. Le style du dessinateur Dave Mc Kean ajoute à l’atmosphère grâce à des dessins qui ressemblent à des peinture gothiques et abstraites à la fois. Des merveilles qui donnent des frissons dans le dos ! Dans ce récit, Batman se trouve enfermé dans l’asile d’Arkham suite à une émeute. L’environnement et surtout le Joker et Double-Face font vaciller l’esprit du chevalier noir… Une histoire différente, qui nous fait entrer dans l’esprit dérangé des habitants d’Arkham. Disponible à partir du 13 juin prochain chez Urban Comics. Tentez le voyage !
Joker (Brian Azzarello, Lee Bermejo)
Quoi de mieux qu’un livre dont le titre est Joker pour mieux connaître le Joker ? Joker sort pour la millième fois d’Arkham et Johnny Frost, le narrateur, l’attend à la sortie. Ce petit truand sans envergure devient son bras droit dans sa reconquête de Gotham City. A travers lui, on observe la complexité du comportement du Joker, dont les humeurs sont impossibles à prévoir, dont la logique est impossible à appréhender et les horreurs impossibles à supporter… Car la violence des bas-fonds de Gotham est omniprésente et très visible grâce à la précision du trait du dessinateur Lee Bermejo. A destination des adultes avertis uniquement, donc ! A la fin, la seule certitude que j’ai eue était que le Joker a une (ou des ?) personnalité parmi les plus complexes dans les comics, et dans les personnages fictionnels en général. Et que quoiqu’on fasse, jamais on ne le connaîtra, jamais on ne le comprendra. Mais n’y a t-il quelque chose de plus passionnant que le mystère ? Sorti fin 2013 chez Urban Comics.
The Clown at Midnight
The clown at midnight est un roman graphique scénarisé par Grant Morrison. Par conséquent, comme toujours, c’est très bizarre ! Personnellement j’adore et l’hypothèse que développe Morrison sur le Joker m’intéresse particulièrement. Au début de l’histoire, le Joker se remet d’une attaque lors de laquelle on lui a tiré dans la tête. La balle n’a finalement fait que peu de dommages, mais le pousse à « se renaître » pour ça, il doit éliminer les traces de son ancienne vie. Pour le scénariste, le Joker n’est pas fou mais un humain plus évolué qui recrée sa personnalité en fonction de ce qui lui arrive. Je sais, c’est tordu mais c’est aussi fascinant ! Malheureusement, le dessinateur de ce numéro, John Van Fleet, est allé un peu trop loin dans la création artistique et l’aspect visuel de ce roman graphique peut être franchement rebutant sur certaines pages… En France, ce récite peut se trouver en dernière partie de Grant Morrison présente Batman tome 1.
Batman : Death of the Family
Sorti le 14 février dernier, la dernière version du Joker est vraiment le cadeau de Saint-Valentin idéal… Dans ses premières apparitions après le reboot des New 52, le Joker avait laissé un autre pensionnaire d’Arkham, le Taxidermiste, découper son visage et le conserver à sa manière… Un an et un relooking après, le clown revient pour récupérer son visage en tuant tout ce qui se trouve sur son chemin. Objectif : blesser Batman et séparer la Bat-Family. Plus effrayant, plus meurtrier, plus préparé, le Joker déroule son plan sous nos yeux grands ouverts !! Lisez le sans attendre !
Le Joker à l’écran :
The Dark Knight
Le Joker de The Dark Knight est pour beaucoup la représentation de référence du personnage, grâce au talent du regretté Heath Ledger. Mais il faut souligner la qualité du scénario des frères Nolan et de David S. Goyer qui a permis à l’acteur de développer tout son art. Depuis son apparition fulgurante, c’est lui qui apparaît en premier dans les recherches Google sur le Joker, c’est dire ! Son Joker auréolé de mystère, représentant de l’anarchie et du chaos a réussi à supplanter le clown déjà sadique mais beaucoup plus logique incarné par Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton. UN INDISPENSABLE ON VOUS DIT !
Les Animés
Batman, la série animée est pour beaucoup de personnes de ma génération leur premier contact avec le chevalier noir, mais aussi un précieux souvenir d’enfance. Il faut dire que cette série est une des meilleurs adaptations animées du personnage, principalement grâce au célèbre tandem Paul Dini (scénario) – Bruce Timm (dessin). Le personnage du Joker a été beaucoup utilisé dans cette série (13 épisodes sur lui, plus quelques autres où il n’est que mentionné), ces artistes l’aimant tellement qu’ils ont même créé une compagne sur mesure pour lui : Harley Quinn ! Et oui, c’est sur l’écran qu’elle est née avant de rejoindre le Joker sur papier ! L’épisode le plus célèbre sur ce couple est Mad Love, qui fait partie de la série The New Batman Adventures. Un peu moins culte, cette série contient pourtant l’adaptation de cette histoire qui a gagné un Eisner Award, récompense prestigieuse dans le domaines des comics. Mad Love représente la relation presque sado-masochiste qu’entretiennent le Joker et Harley Quinn, et comment elle a commencé. Bien que destiné aux enfants, donc édulcoré, cet épisode est très bien écrit et il y a une vraie finesse dans les réactions que celle qui fut la psychiatre Harley Quinzel. Mais la représentation animée la plus marquante du Joker est dans un film : Batman Beyond, Return of the Joker. On y retrouve Bruce Wayne vieillissant qui a raccroché sa cape et qui dirige maintenant le nouveau Batman, Terry Mc Ginnis, de la Batcave. La Bat-Family s’est déchirée plusieurs années auparavant, lors d’un dernier affrontement avec le Joker. Robin (Tim Drake) avait été enlevé par Joker qui lui avait fait un lavage de cerveau… A l’issue de cette confrontation, le Joker est mort et Batman, Robin et Batgirl se séparent et renoncent à leur croisade pour la justice. Je n’en dis pas plus pour préserver la surprise ! Ne passez pas à côté de ce film définitivement pas pour les enfants (et choisissez la version non censurée !)
Si avec tout ça vous ne connaissez toujours pas le Joker… C’est que les scénaristes auront réussi leur coup