Chronique “Les vestiges de l’aube” : Un vampire au cœur de Manhattan et des meurtres en série…
Scénario de Serge Le Tendre & S. Khara, dessin de F. Peynet
Public conseillé : Adolescents-adulte
Style : Polar / Thriller
Paru le 14 mars 2014, chez Dargaud.
Histoire
Manhattan, Automne 2013, Vincent Hensborn, financier, la quarantaine, est séquestré dans son appartement. Son tortionnaire l’a attaché dans une position de soumission. Sous la menace d’une arme, Vincent propose de l’argent, beaucoup d’argent.. Mais en vain. Insensible à cet argument, Hensborn est froidement abattu. Puis, l’assassin se penche sur le cadavre pour y dissimuler quelque chose…
Un an plus tôt, dans les appartements souterrains et secrets du « Lincoln Memorial », un « homme » vit retiré du monde. Né en 1812, Werner von Lowinsky, fan de littérature et de cinéma est un vampire. Un état qu’il vit avec résignation comme une profonde blessure.
Ressentant le besoin de « faire partie du monde des vivants », il dialogue depuis quelques temps, via internet, avec un jeune lieutenant de la criminelle. Barry Donovan, est justement l’enquêteur chargé de l’enquête.
Tandis que Donovan s’engage sur l’affaire inquiétante de ce tueur en série, Werner se rapproche du jeune homme qu’il considère comme un « ami de souffrance »…
Ce que j’en pense
“Les vestiges de l’aube” est une adaptation de Serge Le tendre (scénariste de “La Quête de l’oiseau du temps”, “Griffe blanche”…) et Frédéric Peynet (dessinateur de “Le feul”, “Phoenix”…) du roman éponyme de David S. Khara. Premier constat, ce premier tome est une vraie réussite !
Ce roman de vampire contemporain, torturé par sa condition, avait trouvé un beau succès à sa sortie en 2010. Sur fond de polar, Khara y mêlait une réflexion philosophique sur l’amitié entre deux hommes brisés.
Sur une mise en scène tout à fait comparable, ce premier tome (Morts en série) du diptyque est parfaitement équilibré et cohérent, aussi bien dans la narration que côté graphisme.
Les personnages
Une des grandes forces de l’album est d’installer deux personnages principaux aussi différents et attachants. Barry Donovan, le lieutenant, traumatisé par une perte dramatique liée aux attentats du 11 septembre…) et Werner le vampire, tiraillé entre son besoin de tuer pour survivre et sa moralité.
Avec agilité, Le tendre fait des aller-retours (flash-back, flash-forward) dans le temps pour expliquer chaque élément des histoires personnelles. Pas de risque d’essoufflements, c’est lisible et fluide. Si bien, que malgré le postulat fantastique (c’est une histoire de vampire !), j’ai été fasciné par la densité de ces 2 anti-héros, aussi fragiles et humains…
Le dessin
Peynet nous offre un album superbe et efficace. Son trait réaliste, dynamique et épuré, associe décors travaillés (admirez les beaux décors diurnes ou nocturnes de New-york) et personnages expressifs. Variant cadrages et formats suivant la narration, il livre des planches riches, rythmées d’une belle présence graphique.
Pour résumer
Serge Le tendre et Frédéric Peynet nous offrent une adaptation de qualité du roman de David S. Khara. Deux personnages attachants et fragiles, un thriller fantastique et crépusculaire, tout est réuni pour nous faire croire à l’existence d’un vampire à New York. Mis en image avec maîtrise, c’est une très bonne surprise, à consommer jusqu’à la lie, dans le second tome à venir.