Depuis mercredi, l’exposition ‘Les mondes de Gotlib” a posé ses valises jusqu’à 20 juillet, au musée du Judaïsme dans une double approche rétrospective et thématique.
L’exposition
La visite commence par les origines familiales du jeune Marcel Gotlieb (Gotlib). Les documents « familiaux » (photos, témoignages, contexte historique) permettent de comprendre quelques récurrences dans son œuvre, mais ne constituent pas la raison de ma venue. Oust !
Avec « Les débuts », voici les publicités et travaux « classiques » (bandes dessinées publiées dans la revue « Vaillant »), réalisés au sortir de l’école d’art. Ces travaux présentent des qualités graphiques évidentes, mais sont assez anecdotiques.
Heureusement, cela change carrément avec « l’aventure Pilote ». Sous l’aile de son mentor, l’immense Goscinny, Gotlib y développe sa « grammaire » et son style particulier.
Sens de l’absurde et de l’auto-dérision, observation acerbe de ces collaborateurs, pastiche, importance de la lettre, ses planches des « Dingodossiers » et des « Rubricabrac » ont marqué ma jeunesse.
En grand format, en « Vrai », je les re-découvre avec un bonheur de gosse !!!
La visite continue avec les magazines « Fluide glacial » et « L’écho des Savanes« . Humour transgressif, sans limite, sans tabou, le commissaire d’exposition a choisi de limiter aux couvertures des premiers numéros cette période là.
Enfin, un découpage « thématique » regroupe les planches, suivant des thèmes arbitraires (le lettrage, le cinéma, l’art, l’auto-dérision, le pastiche, le non-sens…) qui mettent en lumière les particularités de l’art de Gotlib.
Ajouter à cela des vidéos et une mini-zone de jeu et vous aurez une idée générale de ce qui vous y attend.
Ce que j’en pense
Si ce découpage est intéressant, je regrette la muséographie de l’exposition. Les explications textuelles sont denses et disposés en gros pavés, façon « article de journaux ».
Les planches présentées sont de « vrais originaux » de toute beauté et non des fac-similés, comme cela se pratique depuis quelque temps. Elles sont exposées, à la manière d’un musée, dans la plus grande sobriété.
Souvent sur fond noir, parfaitement éclairées, à hauteur d’œil, elles sont là pour être admirées, comme le seraient des tableaux classiques.
C’est un vrai régal pour un amateur éclairé, mais cela manque terriblement de folie. Où sont passés l’humour, le délire, le non-sens qui caractérisent l’œuvre de Gotlib ?
A l’antithèse de l’exposition « L’effet Coccinelle » qui s’est tenue à Saint-Malo l’année dernière, il n’y a rien à voir, hormis les planches originales et des documentaires vidéos. Pas de coups de girafe traversant le plafond, de statue géante de Gotlib, ou de reconstitution de l’univers de Super-Dupont…
Pour résumer
Très classique et très sage, l’exposition “Les mondes de Gotlib” permet à tout un chacun de se familiariser avec la vie, et le dessin particulier de Gotlib. Pape du non sens et de l’exagération, fin observateur de son époque et de l’enfance, Gotlib est un dessinateur génial et visionnaire, capable de toucher un très large public, qui méritait une telle rétrospective.
Allez admirer ses superbes planches originales dans cette très sage exposition !
En pratique
du 12 mars au 20 juillet 2014
au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme,
Hôtel de Saint-Aignan,
71, rue du Temple, Paris IIIe.
Renseignements: 01.53.01.86.53.
Le site officiel de l’exposition
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