Chronique ontarienne, par Jean-François Tremblay…

Connaissez-vous Marc Arcand ?  J’espère que oui, pour votre bien-être, car quiconque ignore Marc Arcand risque de lemontage-serie-noire-ici-radio-canada-bible-urbaine-240x300 voir apparaître au détour d’une allée sombre, troublé par un immense manque d’attention…

Plus sérieusement, regardez-vous Série Noire à Radio-Canada les lundis soirs ?  Je suis récemment devenu accro à cette série, après me l’être fait vanter par diverses personnes dans mon entourage, ainsi que par plusieurs chroniqueurs.  Rattrapage en quelques jours sur Tou.tv, et me voilà maintenant membre de cette famille relativement restreinte d’amateurs du « Marc Arcand World » et des choses abracadabrantes qui s’y déroulent.

Série Noire, c’est l’histoire de Denis et Patrick, deux scénaristes d’une série télévisée dont la première saison a connu un certain succès commercial, mais dont le scénario est franchement nul à chier.  Décidés à rendre la deuxième saison cent fois meilleure – et de ce fait, sauver leur emploi en péril – ils font une « expérience de scénarisation » qui consiste, en gros, à se mettre dans le trouble.  Arrestations, visites chez les prostituées, manigances avec une organisation criminelle, chaque épisode voit les deux hommes, au détriment de leurs proches, s’enfoncer de plus en plus loin dans un univers sordide et tordu.

La série est l’œuvre de Jean-François Rivard et de François Létourneau qui avaient créé auparavant Les Invincibles  – je dois être l’un des seuls au Québec à ne l’avoir jamais vue.  Les dialogues sont jouissifs.  Bourrés de références au cinéma de genre (horreur, thriller, films de mafias), les cinéphiles sont servis en termes d’indices cachés tout au long des épisodes.  Les acteurs font un travail remarquable – particulièrement François Létourneau et Vincent-Guillaume Otis dans les rôles principaux, auxquels on s’attache immédiatement.  Mais le reste de la distribution s’avère également excellente, et on peut compter sur des acteurs chevronnés tels que Jacques l’Heureux, Alain Zouvi, Guy Nadon, Louise Bombardier, Édith Cochrane et Martin Drainville, tous plus amusants les uns que les autres, et donnant vie à des personnages colorés, loufoques, et multidimensionnels.

D’après moi, trois personnes se démarquent toutefois.  Premièrement, Anne-Élizabeth Bossé dans le rôle de Charlène, la prostituée.  L’actrice, que je connaissais principalement pour sa participation à la série d’humour absurde Les Appendices (dont je ne me peux me passer), montre ici une facette de son jeu dont j’ignorais tout et crée un personnage à la fois sensible, drôle, complexe et touchant.

Ensuite, Hugo Dubé dans le rôle de Claudio est une révélation pour moi.  Je le connaissais, bien sûr, pour divers petits rôles au fil des ans (le gars joue depuis les années 80, et fut entre autres dans Les Filles de Caleb, Blanche, Omerta, Ramdam, etc.), mais c’est la première fois que je le remarque vraiment, vous comprenez ?  Son personnage est un gangster qui semble insignifiant à première vue, mais qui prend de plus en plus de place, et je me tairai ici pour ne pas trop en révéler, mais il s’agit là d’une performance d’acteur géniale, toute en nuances.  Un jeu subtil et plus ardu qu’il ne le paraît.  Chapeau à l’acteur.

Mais la réelle vedette de la série est le fameux Marc Arcand, personnage devenu quasiment culte en dix semaines de diffusion.  Ses répliques sont plus farfelues et mémorables les unes que les autres, et le jeu de l’acteur, Marc Beaupré, est toujours juste et d’une intensité incroyable.  Ce personnage est indescriptible.  Peut-être fou, peut-être le seul personnage vraiment conscient de tout ce qui se passe, de toute évidence dangereux, mais possédant également un grand cœur d’enfant, Marc Arcand – dites son nom tout haut, vous verrez comme c’est drôle – est l’une des créations les plus amusantes que j’ai vues à la télé québécoise, et peut-être même à la télé tout court.

serie-noire3Le travail de Jean-François Rivard à la réalisation est impeccable, jonché de références visuelles au style de cinéma qu’il affectionne.  Je vous invite à visionner sa récente entrevue avec les Mystérieux Étonnants, le gars semble très sympathique et ses propos sont hyper-intéressants.

Si vous n’avez pas vu la série, je vous en conjure, allez sur Tou.tv immédiatement et faites un blitz d’épisodes.  Faites partie de la gang.  La finale approche, vous ne voudrez pas manquer cela, et vous voudrez faire partie des discussions dans votre entourage sur ce phénomène étrange et merveilleux qu’est Série Noire.

Notice biographique

Jean-François Tremblay est un passionné de musique etdecinéma. Ila fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma.  Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent.  Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise.  Jean-François habite maintenant 432295_10151130281416193_857073040_sPeterborough.   Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)