1998. José est guide touristique sur les hauts plateaux chiliens. D’habitude il encadre des groupes mais il se retrouve pour la première fois avec une seule et unique cliente, Joan, jeune femme insouciante et pleine de peps. Cette américaine à la chevelure flamboyante agace José autant qu’elle le trouble. Lui est un homme taciturne, torturé par un passé que l’on sent particulièrement douloureux. Ensemble, José et Joan vont peu à peu s’apprivoiser et les rôles s’inverser, le guide n’étant pas forcément celui que l’on croit.
Une très belle histoire. Je vous arrête tout de suite : non, Joan et José ne vont pas tomber amoureux l’un de l’autre, c’est beaucoup plus fin. Il est torturé par la haine et la vengeance et ne peut se libérer des terribles souvenirs laissés par la dictature de Pinochet. Elle, derrière le sourire et la bonne humeur de façade, porte les stigmates d’un drame personnel effroyable. Leur rencontre aura un effet cathartique et permettra à chacun, enfin, d’imaginer une possible reconstruction.
Si l’album est aussi somptueux, c’est parce que le dessin est à la hauteur du texte. Quels décors, quelle lumière, quelles couleurs ! Il se dégage de l’ensemble une vraie poésie douce-amère, où les silences en disent bien plus que de longs discours.
Un récit sensible qui avance par petites touches et amène de la clarté dans des existences meurtries. Une totale réussite !
Clair-obscur dans la vallée de la lune de Mongermont et Alcante. Dupuis, 2012. 64 pages. 15,50 euros.
Un album offert par Cristina. Je la remercie pour cette gentille attention et pour la pertinence de son choix.
Les avis de Cristina et Yvan.