Jean Ray
Dehors, -30 degrés Celsius. L’assaut du froid ; assiégé par le froid. Tout tourne au ralenti ce matin -dans mon cœur et dans ma tête. Le style s’en ressent. Le Nord, c’est le froid, la glace, les brouillards, les pluies froides et interminables en automne, les alcools forts… Ça donne les Sagas, Kierkegaard et… Jean Ray !
(Le chien de Dieu)
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Un début de roman, de nouvelle, de récit… (je ne sais trop) m’obsède depuis hier soir :
Entre la rutilance des glaces et le bar, elle trône, championne ès cocktails. Toutes catégories. Ne lui demandez pas un Singapour, un Zombie, un Daiquiri, un Martini, un White Russian, un Black Russian, un Gimmlett, un Pancho Villa (avec ou sans poudre à fusil), un Requiem, un Manhattan…, elle vous regarderait avec mépris. Laissez-la vous observer, laissez-la créer. Selon la bouille du client, elle mélange, agite, combine, pile la glace, mousse, panache et coule, puis pourvoie la fusion qui convient à l’état d’âme du buveur, aux configurations de sa personnalité.
De ces remugles fictionnels qui hantent et appellent des suites qui ne viennent pas toujours. Des embellies dans la grisaille ou des anomalies dans la trame banale de l’imagination ordinaire.
Psyché, Psyché… Anima, quoi t’anime ? Qui t’anime ? Reine et maîtresse des discours que les doigts cherchent au clavardage matinal. Cette Schéhérazade intérieure se taira-t-elle un jour ? Alors commencerait la véritable tragédie.
Car c’est une drogue, n’en doutez pas. Une folie itérative, ubuesque, bancale souvent, que cette hémorragie de mots qui, auparavant, noircissaient des pages et des pages, et qui, en ces années PC, bleuissent l’écran devant mes yeux qui se plissent, qui auraient besoin de verres correcteurs contre la presbytie – soulagement que je leur refuse pour des raisons obscures…
(Le chien de Dieu)
Schéhérazade
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon