Après une semaine entière à rendre visite à nos familles respectives pour Pâques, et à trop boire ainsi que trop manger, ma copine et moi avons pris la route du retour et nous sommes retrouvés un bon matin à déjeuner dans un restaurant de Saint-Jérôme, à mi-chemin de notre voyage.
Rien de particulier, il s’agissait du restaurant de déjeuners typiques québécois, avec un menu respectable et un bon service. Les tables beaucoup trop près les unes des autres ne laissant aucune place à l’intimité, nous pouvions entendre tout ce qui se disait autour de nous. À la table d’à côté, deux hommes tout ce qu’il y a de plus ordinaires, du type travailleur, mangeaient et discutaient.
Au moment de payer leur repas, le serveur leur a tendu la facture et l’un des deux hommes la lui prit des mains. Son ami s’est alors tourné vers le serveur et lui a dit : « C’est moi la femme. » Le serveur rit, ainsi que les deux hommes.
En résumé, l’un des deux clients se considérait « la femme » du couple parce que l’autre, « l’homme », payait le repas pour les deux. Suis-je seul que ça dérange ?
Autre anecdote, celle-ci datant d’il y a un an environ. Alors que nous revenions encore une fois du Saguenay, et que nous étions encore dans un restaurant, au moment de payer, ma copine se leva pour passer à la caisse alors que je me dirigeais vers les toilettes. Dans la file d’attente, une femme, une vieille dame trop maquillée, s’est tournée vers ma copine pour lui dire : « Les hommes ne sont plus orgueilleux comme avant. » Mon amoureuse s’est mordu les lèvres pour s’empêcher de lui répondre des bêtises.
Ce qu’elle aurait voulu lui dire c’est : « Non, mais, que savez-vous de l’orgueil de mon chum ? » En effet, que sait-elle de moi, de nous ?
Et pourquoi la femme du couple ne serait-elle pas celle qui paie le repas ? À quoi ont servi les combats menés par les féministes au cours des années ?
Pourquoi vivons-nous encore dans une société où on l’on se sent obligé de faire une blague du type « C’est moi la femme » au moment de se faire payer le repas par son chum de gars ? En quoi le fait de se faire inviter au restaurant par un ami vient-il affecter notre virilité ? Expliquez-moi, car je ne comprends pas.
Dans mon couple, ma copine conduit la voiture (voiture qui lui appartient), elle paie plusieurs repas, gagne le plus gros salaire, etc. Est-ce que cela me rend moins « mâle » ? Suis-je la femme du couple ? Si vous répondez par l’affirmative, c’est que vous ne comprenez rien à rien…
Menacée de viol pour avoir critiqué une bande dessinée
Janelle Asselin
Janelle Asselin est une joueuse passionnée de jeux vidéo, lectrice de « comic books », auteure, et ancienne employée chez Disney, DC Comics et Fangoria. La jeune femme a récemment publié une critique d’une couverture très sexiste d’une bande dessinée, une critique très bien écrite et avec laquelle je suis tout à fait d’accord. Mais qu’on soit de son avis ou non n’est pas la question. Le fait est que Asselin a reçu, suite à son texte, d’odieux commentaires qui vont même jusqu’aux menaces de viol.
Dans son texte expliquant la situation, l’auteure révèle la nature de certains de ces commentaires, et parle de la situation actuelle dans le monde des « comics », où plus de la moitié des amatrices de cette forme d’art sont des femmes, et du fait que celles-ci sont souvent muselées par ceux qui considèrent que les femmes devraient se la fermer. Que les femmes ne connaissent rien aux « comics ».
Il est triste, très triste, de constater que nous en sommes encore là. Il faut être un bien tout petit homme pour se servir de menaces de viol dans le but d’intimider. On dit souvent que les tyrans cherchent le pouvoir à cause de leurs propres insécurités. Incapables de trouver de quelconques arguments pour défendre leur position, incapables de réfléchir, ne pensant qu’avec leur entrejambe, ils attaquent bêtement.
Minable est l’homme qui se sent supérieur à la femme.
Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite maintenant Peterborough. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.