Il est de retour (Timus Vermes)

Par Mylouze @ifautlire
Résumé :
Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une.
La machine médiatique s'emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries : En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise...
Hitler est ravi, lui qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste à porter l'estocade qui lui permettra d'achever enfin ce qu'il avait commencé.
Mon avis :
Hitler se réveille, un beau matin, au milieu de nulle part. Avec un mal de crane pas possible (tu m'étonnes).
Il ne se souvient pas très bien de ce qui est arrivé la veille (c'est à dire le 30 avril 1945). Il ne sait pas trop où il est, pourquoi il n'est pas dans son bunker avec Eva, ou à son bureau avec tout le monde pour établir un nouveau plan d'attaque...
Il n'est même pas sur d'être à Berlin, il ne reconnaît plus rien...
Faut dire, en plus de 60 ans, la ville (le monde) a eu le temps de changer.
Étonné de voir si peu de militaires et autant de turcs dans la ville, il se décide à aller vers quelqu'un, demander de l'aide.
C'est comme ça qu'il se retrouve dans un kiosque à journaux. Le vendeur est totalement halluciné. Il en serait presque sous le charme, dis donc, tellement ce sosie d'Hitler est parfait. On croirait le vrai !
Hitler, ne se rendant pas compte du temps qui est passé et de tout ce que ça a changé (ni même du fait qu'il est supposé être mort), se présente en tant que vrai et authentique Führer. Il déblatère, crache même, son discours avec une telle conviction... Le kiosquier devient alors le plus grand fan de cet homme qu'il prend pour acteur.
Hitler est toujours "populaire". Il est souvent imité, parodié. Il y a sûrement quelque chose à faire avec un sosie. Surtout s'il est aussi convaincant !
Alors  le kiosquier, cet homme qui est venu en aide à un homme perdu, sans identité, sans toit, le met en relation avec des gens de la télé.
Ils font un programme d'humour, rempli de gens pas drôles. Les Hitler qu'ils ont déjà vus sont nuls. Alors que celui là est parfait.
Un peu trop même. Il est tellement professionnel qu'il n'arrive pas à sortir de son rôle. Il vit Hitler, parle comme Hitler. Tout le temps. Il en arrive à faire flipper tout le monde.
Mais il sauvera le programme télé (et l'Allemagne).
Notre Hitler de l'an 2000 est tout d'abord un homme charmant. Il découvre le monde, il est complètement naïf, comme un oiseau tombé du nid. Quand il se retrouve face à un ordinateur, il est fabuleux !
Il a 60 ans de technologie à rattraper alors bien évidemment, ça nous amène des situations rocambolesques. On se moque d'Hitler, LE Führer. Et on aime ça ! Ça change de l'éternel débat "c'était un monstre, un homme comme tout le monde mais un monstre, nianiania"... Non, on rigole et on n'a pas honte.
Notre Hitler est donc totalement perdu mais en même temps terriblement fasciné. En découvrant Google on a l'impression qu'il a trouvé le saint Graal. C'est meugnon tout plein ! (Si vous avez un parent vieux comme le monde qui ne sait pas allumer un ordinateur, vous savez de quoi je parle)
On se retrouve donc partagé entre un Hitler tout bébé, à qui il faut tout apprendre, qui ne se souvient même pas s'être suicidé, perdu dans cette nouvelle Allemagne, ce nouveau monde, cette nouvelle Histoire ; et le Führer. Celui de la guerre. Les fours, la haine, la violence, la propagande, les discours...
Et qui profite de la télévision, des émissions "lavage de cerveau", pour revenir sur la scène politique, reconquérir les allemands pour remettre de l'ordre dans ce qu'il trouve être une aberration.
Et il est convaincant. Il sait parler aux gens pour en faire ce qu'il veut.
Un roman tour à tour (très) drôle ou instructif, avec des chapitres entiers consacrés au passé.
Ce sera mon seul petit bémol. Même si ces passages là étaient évidemment intéressants (pour peu qu'on s'intéresse à la guerre et au nazisme), j'ai trouvé qu'ils cassaient le rythme drôle de l'histoire, j'ai parfois eu du mal à poursuivre ma lecture. C'est dommage.
Mais j'ai presque honte d'avoir passé un si bon moment avec Hitler, jusqu'aux fous rires (ok, j'ai meuglé comme une folle, j'ai du faire flipper ma voisine.)
Merci beaucoup Elsa et Belfond pour m'avoir offert cette lecture terriblement agréable.