Choc (T1) Les fantômes de Knightgrave

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Choc (T1) : La genèse du génial criminel de « Tif et Tondu »…

Scénario de Colman, dessin de Maltaite

Public conseillé : Tout public

Style : Polar, aventure Paru chez Dupuis, le 25 avril 2014


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L’histoire

Choc revient sur les terres de son enfance et règle ses comptes. Tout y est présent : la violence domestique, la guerre, les prisons pour enfants, le sadisme des enfants et des adultes, la perversion mais aussi les fleurs qui poussent sur le fumier.
On retrouvera là l’univers de Dickens, de Zola mais aussi un grand cambriolage dont la violence est à la hauteur de l’enjeu.
On se demande ce que les auteurs vont bien pouvoir trouver pour stimuler notre imaginaire dans le tome 2. Ce n’est pas du polar noir, pas plus que du « Tif et Tondu ». Non, c’est « Choc » !

Le Scénario

Choc, c’est le personnage malfaisant de la série Tif et Tondu. C’est leur « Colonel Olrik ».
Tif et Tondu est crée par Fernand Dineur en 1938, à la naissance du journal de Spirou.
La série sera reprise et développée par Will avec différents scénaristes comme Rosy, Gillain et Desberg. Cette une série phare de la maison Dupuis et Choc y est le méchant, le maître du crime.
C’est un pur gangster.
Dans la BD « les fantômes de Knightgrave », on découvre l’histoire de « Choc » : Son enfance, la vie de son père, sa mère.
La BD est structurée avec beaucoup de flash-backs. Cela peut dérouter parfois car il n’ y a pas de différentiation de couleur ou de format pour marquer les passages. On passe sans transition de l’époque adulte de « Choc » à son enfance, voir même à la jeunesse de ses parents.
J’ai apprécié cette façon de faire qui fait un lien historique sur les lieux.
La BD représente aussi une « photo » des différentes époques évoquées. On a l’impression de glisser comme dans un rêve.
Ce premier tome, C’est la nostalgie. C’est un album triste, avec beaucoup de pathos; un peu Oliver Twist de Dickens. Une ambiance à la « Zola ».
Cependant « les fantômes de Knightgrave » c’est aussi un cambriolage grandiose extrêmement violent.
« Choc » utilise les meurtres de passants simplement pour faire diversion ; le terrorisme aveugle des gangsters.
La violence, adoucie par le dessin de Maltaite, est sans fard. On est loin de « Tif et Tondu » et des histoires pour éduquer les enfants, but premier de la bande dessinée à ses débuts. Car en effet les fantômes de Knightgrave c’est aussi un vrai polar. Un dur. Pas de coup de poing mais des meutres de sang froid, des actions terroristes.
La partie pur polar de la BD est traitée sans fard.
C’est une bonne présentation de la réflexion sur les circonstances atténuantes : le pathos de l’enfance d’un coté et la violence sans limite pour arriver au but de l’autre.
J’avais découvert « Choc » en lisant la pré-publication dans « l’immanquable » et j’avais été emballé. Je ne connaissais pas vraiment Tif et Tondu. Je me suis donc procuré un album où « Choc » est présent.
Certes Tif et Tondu est destiné à un public d’enfants. Certes l’album que j’ai lu est plus vieux que moi (j’ai passé le cap des 50..), mais je n’ai pas été emballé alors que je relie toujours Tintin avec plaisir (et quelle madeleine !)
Alors dire que les amateurs de Tif et Tondu vont y trouver leur compte, je ne suis pas sûr. Les amateurs de polar devraient, eux, être agréablement surpris.
J’ai fait connaissance de l’oeuvre de Will, avec la 27ème lettre. Il s’agissait d’une oeuvre superbe, un tantinet érotique mais surtout terriblement poétique. Son dessin y était d’une grande élégance ce qui n’est pas acquis en ligne claire.
Maltaite est le fils de Will. C’est surtout l’auteur des BD La Naufragée et les 1001 nuits de Shéhérazade qui sont de jolis albums érotiques( à peine..). Leur gout commun pour une BD ligne claire plus adulte se retrouve dans notre « Choc », hors l’érotisme, absent des fantômes de Knightgrave. L’utilisation de ce personnage central de Tif et Tondu relie les 2 générations.
Un très bon scénario globalement.
Un seul bémol : Maltaite en a fait peut-être un peu trop avec les malheurs de son héros, trop misérables.

Le dessin

Coleman, c’est le dessinateur du Marsupilami de ces dernières années. C’est un génial touche à tout : pub, dessins animés, etc..
Le dessin est une ligne claire classique. les couleurs utilisées sont gris, marron…
On n’est pas dans la grande gaité, mais c’est cohérent avec l’histoire. En plus, l’essentiel de l’histoire se déroule en Angleterre ou dans le nord de la France et en Belgique. L’humidité est parfaitement rendue.
Plus sérieusement j’ai trouvé le dessin délicat et précis. C’est très classique mais vraiment beau.
De grandes cases pour ralentir le récit, comme s’il s’agissait de temps morts au cinéma, d’une pause pour nous préparer à la suite. Coleman a réalisé de beaux plans panoramiques (notamment sur la plupart des véhicules) et sur les grandes scènes d’action. Bravo l’effet est vraiment joli ! Les jeux de cases, leur enchaînement et disposition, sans forcer l’exercice, servent bien le scénario. Un petit mot pour la couverture : Somptueuse.

Pour résumer

Sous les dehors d’un beau produit BD franco-Belge « ligne claire », les fantômes de Knightgrave est une BD très attachante et un polar costaud. J’attends avec impatience le tome 2.
Cependant je suis prêt à patienter pour un épilogue au niveau du premier élément de la série.